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Harraga un jour, harraga toujours Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 01 - 2010

Cette semaine au moins, nous avons une grande nouvelle � annoncer. Les harraga vont dispara�tre. Non pas en mer, il y en a d�j� trop, mais du vocabulaire. C'est mieux que rien, non ? Oui, selon les journaux, le pr�sident de la R�publique est agac� par ce terme. Il aurait demand� aux ministres de le bannir du langage de l�administration et donc, de la conversation. Il ne faut plus dire harraga, sous peine de se voir br�ler la politesse.
Du coup, il faut accorder les fonctions de l�ordinateur de telle sorte qu�il remplace partout le mot harraga par le synonyme polic� du dictionnaire pr�sidentiel : �migr�s clandestins. �a ne rappelle pas cette histoire des ann�es de l�arabisation au Karcher ? Un type est en train de se noyer. Il crie : �Au secours !� Celui qui l�entend reste prof d�arabe jusqu'� la mort. De l�autre, bien s�r. Depuis la berge, o� il compte le nombre de trimestres de hassanate engrang� pour la retraite, il r�pond au noy� : �Ne dis pas au secours mais el ghayt� et il le laisse plonger tranquillement dans les abysses o� les monstres marins s�appr�tent � faire festin de sa carcasse bilingue. Donc, il ne faut plus dire harraga, mais �migr�s clandestins. Quels effets aura sur le ph�nom�ne tragique des harraga ce relooking ? Dans le fond, aucun, bien s�r ! S�il suffisait de renommer les choses qui posent probl�me pour les r�soudre, on serait d�j� au paradis. A moindre frais. Petits exemples faciles et innocents. Ne dites plus hogra et vous verrez l�abus d�autorit� dispara�tre de ce pays comme sous l�effet d�une baguette magique. Essayez, et vous verrez, c�est instantan�. Mettons que, � Dieu ne plaise, un ponte vienne vous expulser de chez vous pour y mettre sa prog�niture. Vous vous retrouvez � la rue et vous criez que vous �tes victime d�un abus. Il n�y a plus de hogra puisque ce n�est pas dit. Il n�y a plus rien de cette humiliation ajout�e � l�arbitraire exerc� par le plus fort au d�triment du plus faible que renferme le mot hogra. Ne r�p�tez pas, comme un perroquet, le mot tchipa et vous apercevrez le pot-de-vin filer � l�anglaise comme Moumen Khalifa. Surtout ne vous avisez pas de prononcer ce mot impie de pot-devin, car vous verriez le montant du pot de petit-lait grimper aux arbres. On peut dresser un lexique entier de mots d�sagr�ables � changer. Mais revenons aux cons�quences du remplacement du mot harraga par �migr�s clandestins. Au mieux, cet ennoblissement du vernaculaire �harraga � en cat�gorie universelle, sociologique ou polici�re ��migr�s clandestins�, banalisera le probl�me. Harraga, mot qui comporte le feu qui br�le, est charg� � l��vidence d�un sens transgressif. On y sent, rien qu�en l�entendant ou en le lisant, le d�sespoir. Harraga : br�leurs. Br�ler les fronti�res, les politesses, ses vaisseaux pour se couper de toute retraite. Emigr� clandestin ? Se dit d�une personne qui n�a pas de papiers dans un autre pays que le sien. En les rangeant parmi les �migr�s clandestins, on enl�verait aux harraga tout ce que leur geste peut avoir d�h�ro�que et de d�sesp�r�. Parenth�se : cet h�ro�sme et ce d�sespoir sont admirablement rendus dans le dernier film de Merzak Allouache dont le titre est� Harragas ! J�esp�re que les jeunes spectateurs alg�riens pourront le voir, ce film. Ce qui g�ne dans harraga, �a doit �tre pr�cis�ment ce sous-entendu d�h�ro�sme suicidaire qui anime des jeunes pr�f�rant le risque de mort � l�assurance de la vie en Alg�rie. En un sens, leur geste est un acte de protestation politique puisqu�il marque une rupture claire avec le pouvoir en place. Les harraga sont des kamikazes qui ne font de mal qu�� eux-m�mes et qui veulent le paradis sur terre. En changeant leur nom plut�t que leur condition, on veut leur enlever jusqu'� cette libert� de s�autonommer. Autonomie. On leur confisque cette derni�re, qui peut s�exercer dans le risque, mais qui demeure un �l�ment de libre arbitre. On a toujours appel� les harraga harraga. Du plus loin qu�on s�en souvienne, le mot �tait d�j� un concept. Il a pris le sens dramatique qu�il a aujourd�hui � la faveur de la vague des d�parts massifs par mer, des ann�es 2000. Ce ph�nom�ne, le pouvoir politique en place a, d�abord, essay� de le minimiser en le taisant. Et si l�on avait �t� dans l�Alg�rie de la monopresse d�avant-1989, on n�en aurait, sans doute, jamais entendu parler sinon par le plus puissant des m�dias, la rumeur. Dans un deuxi�me temps, le pouvoir a tent� de jeter le discr�dit sur la chose. C�est la fameuse d�claration de Belkhadem, alors chef du gouvernement, d�busquant derri�re chaque d�sesp�r� de l�Alg�rie de Bouteflika un jeune dont le r�ve se bornait � revenir d�Europe avec une bagnole pour frimer dans son quartier. La troisi�me phase, et la plus continue, c�est la r�pression. Qui �chappe � la mort n�est pas �pargn� par le b�ton. Enfin, cette phase cinq : changer de nom pour diluer la chose dans le sens commun. Ni l�humeur du prince ni m�me une l�gislation ne peuvent changer le langage. Ce dernier, c�est connu, n�ob�it qu�� une loi, l�usage. On se forge les mots dont on a besoin. Tout le reste est litt�rature et ce n�est pas forcement ce dont on a besoin dans ce cas pr�cis.

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