C'est une partie fragile de la soci�t� dont une grande partie vit en dessous du seuil de pauvret�. Avec un maximum de 1 000 livres �gyptiennes (LE) par mois � soit l��quivalent de 13 000 DA �, plus de 5 millions de retrait�s �gyptiens peinent � joindre les deux bouts face � une inflation qui lamine leur pouvoir d'achat. Pr�s de 800 000 retrait�s alg�riens � sur les 1,7 million �, sont log�s � la m�me enseigne de la pauvret� que leurs homologues �gyptiens : ils per�oivent � peine le minimum de la pension de retraite, soit 75 % du SNMG dont le montant est de 15 000 DA depuis le 1er janvier 2010. Mohamed l��gyptien n'est plus le grand responsable respect� et appr�ci� par tout le monde. Il porte aujourd'hui le statut de �retrait�. On lui a retir� la voiture de service et sa ligne de portable. Quant aux magazines et journaux qui lui �taient livr�s gratuitement, il ne les re�oit plus � son domicile. Aujourd'hui, � 65 ans, il doit entamer une nouvelle vie. Priv� de toutes les commodit�s auxquelles il s'�tait habitu�, il doit faire face � un quotidien difficile. Avec une retraite de 980 LE (retraite maximum), il arrive � peine � joindre les deux bouts. Tr�s honn�te, il a refus� de tirer profit de son statut, malgr� les mauvais conseils de quelques coll�gues le sommant de se pr�parer au jour du d�part. Alors que son salaire, outre les primes, d�passait les 6 000 LE (pr�s de 80 000 DA) et lui permettait de vivre convenablement, aujourd'hui, il survit. En plus, il doit faire la queue comme tous les retrait�s pour toucher sa pension. �Une bonne part de la somme que j'ai per�ue � la fin de ma carri�re a servi pour le mariage de mes enfants. Ma retraite et celle de ma femme ne d�passent pas les 1 600 LE cumul�es. Une somme qui suffit � peine � couvrir nos besoins les plus �l�mentaires. Apr�s la retraite, je dois raser les murs, car mon revenu a chut� de 5 fois�, confie Mohamed avec tristesse. Dans les moments de d�sespoir, il se pose une question : comment une carri�re pleine de succ�s professionnel n'arrive-t-elle pas � couvrir ses besoins en fin de vie ? Chercher du travail ou accepter sa retraite de mis�re Une question que r�p�tent souvent les retrait�s. Selon les chiffres de �l'Organisme central de la mobilisation et des statistiques �, le nombre des retrait�s en �gypte atteint les 5 millions de personnes et l'on pr�voit 13 millions en 2030. Avec une retraite qui ne d�passe pas les 1 000 LE, le fonctionnaire subit un choc une fois � la retraite. Il a deux choix. Chercher du travail pour pouvoir satisfaire ses besoins ou accepter sa retraite de mis�re. A 66 ans, Samir, avec 4 personnes � sa charge, doit jongler entre son travail comme conseiller dans un minist�re et son bureau priv� pour arriver � satisfaire les besoins de ses enfants. �Apr�s une carri�re aussi riche, le droit de se reposer s'av�re �tre un luxe. Je cours encore � cet �ge pour pouvoir garder mon niveau de vie. Ma fille n'est pas encore mari�e et mon fils fait des �tudes dans une universit� priv�e. Ma femme ne peut plus m'aider, car elle est malade. Je suis comme une machine qui n'arr�te pas de tourner. Si j'arr�te de travailler, ma famille va en souffrir �, explique-t-il. Mais Samir est plus chanceux que d'autres. �Comment trouver du travail alors que des jeunes en bonne sant� et pleins d'�nergie n'en trouvent pas ?� s'interroge Sayed, 64 ans, retrait�. �Faut-il mourir pour se reposer ? Le repos n'est-il pas autoris� sur terre ?� s'insurge Sayed. Il poursuit : �Malgr� les primes annuelles qui augmentent d'ann�e en ann�e, on ne voit aucune am�lioration dans notre niveau de vie.� Elhami Al-Merghani, auteur de nombreux ouvrages sur cette question et sur le niveau de vie de plusieurs couches de la soci�t�, partage cet avis. Il cite un exemple : si le revenu d'une famille est de 100 LE et qu'il augmente de 10% chaque ann�e, on ne sent aucun changement, surtout que le taux d'inflation atteint les 17% (un taux qui balance entre 13,9 et 21 % selon les chiffres du minist�re de la Planification en 2004). Au contraire, le revenu de cette famille va baisser de 7 %. Selon les chiffres des �Fonds des employ�s au secteur public et au secteur des affaires�, 70 % des retrait�s ont une pension qui ne d�passe pas les 345 LE par mois, c'est-�-dire environ 4 500 DA par mois, soit 150 DA par jour ! Cela signifie, selon les crit�res de la Banque mondiale, que 70 % des retrait�s vivent en dessous du seuil de pauvret�. Appel aux retrait�s pour former un syndicat Pire encore. Un retrait� ne b�n�ficie pas souvent de la m�me couverture m�dicale. Abla, directrice � la retraite, confie avoir travaill� dans une entreprise m�diatique qui couvrait ses employ�s avec l'un des meilleurs syst�mes d'assurance m�dicale en �gypte. Elle b�n�ficiait d'une couverture m�dicale compl�te, y compris pour les m�dicaments. M�me quand elle a d� faire une ablation du sein pour gu�rir d'un cancer, c'est son entreprise qui a vers� une somme de 20 000 LE, y compris les frais des s�ances de chimioth�rapie. Une fois � la retraite, elle ne b�n�ficie que d'une assurance de 8 000 LE par an et doit soustraire 200 LE par mois de sa maigre pension de 1 170 LE pour acheter ses m�dicaments, car l'institution ne lui rembourse que les 50%. �J'ai peur de ne plus pouvoir un jour me payer ces m�dicaments surtout que les prix ne cessent d'augmenter�, avance Abla, 62 ans. �Il est temps que l'Etat pr�te l'oreille � cette large cat�gorie longtemps oubli�e par les responsables�, lance Elhami Al- Merghani. Il est vrai que l'Etat leur a fourni la �carte d'or� qui pr�sente des avantages (r�duction deux fois par an pour les billets de train, r�duction de 50% dans les salles de th��tre et les cin�mas publics, soins gratuits dans les h�pitaux d�pendant de �l'Organisme de l'assurance m�dicale�), mais ces services offerts sont d�risoires par rapport � ceux offerts dans les pays d�velopp�s. �O� sont pass�es les sommes que ces retrait�s ont vers�es tout le long de leur vie ?� poursuit Elhami, qui lance un appel aux retrait�s sur Internet pour former un syndicat et r�clamer leurs droits. Au mois de juillet dernier, une rumeur circulait disant que la prime annuelle allait diminuer de 5%. Les retrait�s ont menac� d'organiser une marche pour protester contre le minist�re des Finances. Ce dernier leur doit, selon Choukri Azer, membre du �Mouvement de la lutte pour les droits des retrait�s�, une somme de 362 milliards de LE, que l'Etat avait pr�lev�e de leur argent pour combler son budget. Une situation qui a pouss� le gouvernement � r�viser son attitude � l'�gard des retrait�s et � pr�senter un nouveau projet de loi qui vise � calculer la retraite selon le dernier revenu de l'employ� au lieu de la calculer sur le salaire de base, comme c'est le cas actuellement. �Am�liorer les conditions des retrait�s en �gypte n'est pas seulement r�viser les retraites. Il est temps de fonder un conseil supr�me pour les retrait�s qui parraine leurs causes et se charge de les d�fendre, � l'instar du Conseil national de la femme et du Conseil supr�me de la maternit� et de l'enfance�, conclut Ch�rif Alfi, responsable d'une ONG qui �uvre pour les retrait�s.