Centre touristique Futungo II, mardi, 5h du matin. Le groupe de journalistes alg�riens qui r�sident dans ce site am�nag� par le COCAN quittent le centre pour se rendre � la gare centrale de Luanda, pr�s de Belas, le quartier chic de la capitale angolaise. Il fait chaud et humide, comme d�habitude. Le chauffeur du bus r�quisitionn� par les organisateurs demande � tout le monde de faire ses valises afin d�arriver vite au niveau de la gare o� la destination Benguela est desservie chaque demi-heure. C��tait un peu os� comme planning, car arriv�s sur les lieux, nous trouverons un grand parc de bus, tous de marque Hyundai, o� les voyageurs sont embarqu�s � la pelle. Peu d�entre ces cars dernier cri, il est vrai, avait une destination pr�cise. Paolo, le chauffeur du COCAN, tente une m�diation car, ici en Angola, tout se n�gocie. Il est d�j� six heures du matin et le d�placement � Benguela, deuxi�me ville �conomique d�Angola, n�est pas encore s�r. Trop de palabres pour quelques kwanzas. Un des chauffeurs des taxibus, parmi tant d�autres, promet que son bus fait l�affaire en mati�re de climatisation, de s�curit� et de confort. Le march� est conclu pour 2 500 kwanzas, environ 25 dollars US. Le groupe de journalistes, conduit par l�interpr�te Mehdi de Dzfoot, prend place. A notre �tonnement, on d�couvre que ce bus n�est pas �sp�cial�, �tant donn� que d�autres voyageurs y ont aussi pris place. C�est le branle-bas de combat et les reporters alg�riens, d�j� �reint�s la veille par un voyagemarathon Cabinda-Luanda par avion, ont d�cid� de faire marche arri�re. Une man�uvre qui portera quelque peu ses fruits. Les occupants ne sont pas tous Angolais, c�est un fifty-fifty � l�africaine. Le chauffeur et son receveur, Pasqual, exigent alors un compl�ment de p�cule. Les bagages occupent des si�ges, des places qu�il faudrait payer. Nouvelles palabres. 200 kwanzas sont c�d�s par les journalistes qui avaient maille � partir. 6h30, le bus plein � craquer l�che ses freins. Une pluie fine accompagne ces au revoir que chaque journaliste esp�rait temporaire. Le retour � Luanda, d�s vendredi, �tait sur toutes les l�vres. La vadrouille serait la bienvenue. Une finale dimanche prochain m�rite tous les sacrifices. Luanda est d�j� derri�re nous. La route est d�gag�e et le trajet Luanda-Benguela, environ 530 km, est un plaisir pour les yeux. Mais pas seulement. La route est bitum�e. Elle est bien meilleure que ce que fut la RN5 � ses heures de gloire. Les bordures, les bornes kilom�triques, la signalisation parfaite (passage � niveau, sortie d��cole, feux tricolores) sont un exemple de modernit�. L�Alg�rie m�rite d�en prendre de la graine. Le paradis sur terre La chaleur et l�humidit� ne font pas bon m�nage. Sauf que, en empruntant le chemin qui m�ne au sacre, les Alg�riens que nous sommes �taient s�duits par la fra�cheur matinale que procurait le paysage. La clim� du bus s��tant brusquement arr�t�e de fonctionner, la radinerie oblige, c�est de la nature que l�air frais est pomp�. La pointe de Palmeirinhas, le parc national de Qui�ama, les chutes de Kalandula, le Mont Moco, le plateau de Bih� envo�tent les tr�s sp�ciaux passagers du mini-bus de Pasqual et son fr�re, expression tr�s r�pandue chez les Africains d�signant plut�t un ami (amigo en portugais) ou m�me un enfant du bled. Les photographes prennent du plaisir � immortaliser ces moments de d�couverte. Les parties de football ne font plus recette devant cette attirance toute naturelle. Dans ce d�cor paradisiaque, la flore se m�le � la faune. In�vitablement. Quelques esp�ces rares m�connues de votre serviteur embaumaient la cristalline journ�e d�hier. La vie humaine n�est pas omnipr�sente mais elle n�est pas non plus inexistante. Quelques huttes et des semblants d�hutus compl�taient le d�cor. L�Angola de Luanda, o� le luxe des voitures cr�ve l��cran, serait-elle encore � l��tat primitif quelque 70 km plus loin ? Pause-pipi, bakchich et papier hygi�nique Pas de r�ponse hier. Peut-�tre dimanche avec un suppl�ment de joie de la part de nos Verts couleur nature. Sauf qu�en Angola, les signes ostentatoires ont des r�ponses. Pas une seule. La corruption est une constante. Sur notre chemin, la v�rit� �tait claire comme de l�eau de roche. A chaque barrage de police, le receveur Pasqual se dirige, sachet de papier hygi�nique en main, et laisse couler les billets dans les mains pas du tout innocentes de l�agent. Las de trop d�bourser, le long des 530 km, Pasqual propose � un des journalistes badg�s COCAN de s�asseoir aux c�t�s du chauffeur. L�astuce a du succ�s. Avec Mehdi de Dzfoot devant, les barrages suivants ferment l��il sur l�infraction (le bus n��tait pas autoris� � faire la navette Luanda-Benguela) et se contentent de s�essuyer avec le fameux papier toilettes. Taxi El-Mekhfi (Le clandestin) du d�funt Yahia Benmabrouk n�a pas d��gal, mais hier, c��tait une autre histoire. Le chauffeur de bus s�arr�te quand bon lui semble. Les pause-pipi �taient en effet nombreuses. Au grand dam de ses occupants alg�riens press�s de rentrer � Benguela. A 15h, soit dix heures apr�s avoir quitt� le Futungo II, le groupe de journalistes aper�oit son point de chute. Benguela est une ville des paradoxes avec ses bidon ville et sa modernit�. La p�riph�rie est un amas de ferraille dress�e autour de la ville, riche par ses ressources halieutiques. Une autre promesse de manger du bon poisson, � d�faut de viande halal, dans un pays post� aux abords de l�Atlantique. Hier, en dix heures, onze journalistes et photographes ont d�couvert une grande partie des secrets du pays de Jos� Eduardo Dos Santos. Une contr�e au pouvoir d�achat insoutenable et aux facettes exotiques excitantes. M. B.