Alors qu�en Alg�rie, la lutte antiterroriste est parvenue � diss�miner la totalit� des groupes d�Al-Qa�da au Maghreb et � mettre en tr�s grande difficult� ses possibilit�s de red�ploiement, l�organisation criminelle est en train de se refaire une sant� dans le nord du Mali, o� elle ne souffre aucune inqui�tude. Quand le chef de l�Etat malien lui-m�me vient � d�clarer qu�aucun pays, aussi puissant soit-il, ne pourrait contr�ler cette �frange sah�lienne� du fait de la rudesse de son relief et de son climat, il est difficile de distinguer s�il s�agit d�un aveu d�impuissance pour lutter contre les hordes terroristes qui s�y concentrent de plus en plus massivement ou carr�ment d�un abandon � leur profit de la souverainet� du Mali sur cette partie de son territoire. Dans les deux cas, l�organisation terroriste ne va pas se faire prier pour tirer un maximum de b�n�fices de cette situation. D�autant plus qu�elle a commenc� d�j� � en jouir concr�tement depuis qu�il a �t� officiellement permis, en 2003, au GSPC dont elle est issue de prendre dans cette r�gion une vingtaine d�otages europ�ens qu�il a enlev�s en Alg�rie et de n�gocier leur lib�ration au prix d�une forte ran�on. Depuis que ce m�me GSPC s�est mu� en branche maghr�bine d�Al-Qa�da, d�ann�e en ann�e, des ressortissants europ�ens sont enlev�s dans d�autres pays (Tunisie, Niger, Mauritanie) ou au Mali m�me et �rapatri�s� dans cette �frange sah�lienne� devenue son sanctuaire. Et c�est l�, �galement, que l�organisation terroriste n�h�site pas � ex�cuter un otage dont le pays d�origine refuse de se plier � ses exigences, comme cela a �t� le cas l�ann�e derni�re d�un ressortissant britannique. Al-Qa�da au Maghreb islamique (AQMI), qui a compris les avantages que lui offre la situation d�impunit� dont elle jouit dans le nord du Mali, a int�gr� dans sa g�ographie d�expansion vers le reste du Sahel cette r�gion qui fut plus ou moins dans le pass� une �base arri�re�. Elle y accueille les nouvelles recrues, les forme aux techniques du terrorisme, les entra�ne au maniement d�armes et les initie � la fabrication d�explosifs. Forte de cette �base� et profitant d�un �ni�me conflit au Nigeria entre musulmans et chr�tiens qui a fait des centaines de victimes, elle s�est autoris�e � appeler, la semaine derni�re, dans un communiqu� dat� du 28 janvier, les Nig�rians � lui envoyer leurs enfants pour en faire des terroristes et les soutenir en moyens mat�riels. Ce qu�elle ne pouvait se permettre encore l��t� dernier quand elle s��tait content�e de se solidariser avec le mouvement des �Talibans� du Nigeria, dit Boko Haram�, contre la r�pression gouvernementale qu�ils ont subie (voir Le Soir d�Alg�rie du 23 ao�t 2009). De �maghr�bine� qu�elle se pr�tendait �tre, AQMI est en train de devenir de plus en plus �sah�lienne�. L�Europe occidentale, celle-l� m�me dont l�organisation terroriste maintient actuellement en otages des ressortissants (Espagne, France, Italie), se retrouve quelque part un peu rassur�e qu�AQMI se renforce davantage dans le Sahel que sur la rive sud de la M�diterran�e, d�o� elle peut �tre plus ais�ment cibl�e. Mais force est de constater que c�est dans les pays du Sahel que ses ressortissants sont aujourd�hui attaqu�s, tout comme il a pu �tre �tabli que le dernier kamikaze qu�Al-Qa�da m�re ait choisi de recruter pour se faire exploser, fin d�cembre dernier, aux Etats-Unis est un ressortissant nig�rian. Le message est clair. Elle aurait pu choisir un �suicidaire� de n�importe quel pays, voire m�me un Am�ricain La �frange sah�lienne� qu�AQMI s�est appropri�e au nord du Mali, pour son red�ploiement avec la b�n�diction du chef de l�Etat local qui l�a d�clar�e �incontr�lable�, risque de devenir r�ellement un bastion du terrorisme mena�ant non seulement le Sahel et le Maghreb mais �galement n�importe quelle autre r�gion du monde. Certains verraient une solution dans la mise en place dans la r�gion de la controvers�e force am�ricaine Africom (Commandement militaire des Etats-Unis d�Am�rique pour l�Afrique) et font tout pour que cela se fasse. Ce d�sir est �galement celui d�Al-Qa�da pour faire de cette r�gion un autre point de ralliement de ses partisans dans sa pr�tendue �guerre sainte� contre l��Occident� et ceux qu�elle consid�re l�avoir plus ou moins ralli�e, comme le sont, � ses yeux, tous ceux qui ne sont pas des sympathisants de son terrorisme.