Le temps passe, les conjectures les plus folles grossissent, et Bouteflika reste toujours �loign� du devant de la sc�ne. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - S�il continue d�honorer les plus importants rendez-vous internationaux, le pr�sident Bouteflika a n�anmoins r�duit consid�rablement ses d�placements � l��tranger, contrairement � ses deux pr�c�dents mandats o� il promenait son b�ton de diplomate aux quatre coins du monde. Et cette attitude, assimilable � plus d�un �gard � une r�signation au retranchement, est reproduite au niveau interne. En effet, le pr�sident Bouteflika n�encha�ne plus les visites d�inspection dans les wilayas de l�int�rieur du pays, depuis sa reconduction � la t�te de l�Etat pour un troisi�me mandat cons�cutif, il y a une ann�e maintenant. De plus, il est de moins en moins loquace, substituant le froid communiqu� � la chaude d�clamation � laquelle il avait habitu� les citoyens. Pourtant, ce ne sont pas les incitations � s�exprimer de vive voix qui manquent. Ni les scandales �conomiques r�v�l�s dans leur ampleur que l�on sait, ni le tragique d�une situation qui a vu le directeur g�n�ral de la police se faire assassiner dans son propre bureau par un de ses proches collaborateurs ne l�ont arrach� � son mutisme. Et le communiqu� lu � l�occasion de la c�l�bration du double anniversaire de la cr�ation de la centrale syndicale UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, ainsi que les condol�ances pr�sent�es � travers un communiqu� � la famille du d�funt Ali Tounsi n�ont fait, apparemment, qu�ajouter de l��paisseur au myst�re entourant le silence du chef de l�Etat. M�me s�il ne faut pas n�gliger le rappel, par voie de communiqu�, de son engagement � poursuivre la lutte contre la corruption, il reste que cette fa�on de s�adresser � l�opinion est de moindre impact qu�une allocution solennelle publique. Notamment en cette conjoncture o� les microcosmes m�diatiques et politiques produisent, � n�en point finir, des conjectures sur une guerre des clans au sommet de l�Etat. Une guerre que, selon les m�mes supputations, les clans se livreraient � coups de r�v�lations de scandales politico-�conomiques. Objectivement, le pr�sident aurait d� s�exprimer sur ces questions. Or il ne s�y r�sout toujours pas. Eprouverait-il, en ce moment, quelque g�ne � briser le silence ? Personne n�est � m�me de r�pondre � cette question. Du moins, pas pr�sentement. Il n�est pas ais� de percer les secrets de l�alc�ve. Et face � la difficult� d�explorer les profondeurs d�un s�rail aussi ferm� que celui de notre pays, les analystes et autres observateurs se rabattent sur les supputations pour expliquer le mutisme du pr�sident. Des supputations qui, toutes, privil�gient la contrari�t� politique � la raison m�dicale. En effet, la sant� du pr�sident n�est plus avanc�e comme possible motif de ce retrait prolong� de la sc�ne politique. Ceci m�me si, de temps � autre, parviennent des rumeurs sur des s�jours fr�quents du pr�sident en terre helv�tique. Cependant, nulle observation s�rieuse n��tablit un lien entre ses suppos�s s�jours et le silence du pr�sident. Jeudi dernier, Bouteflika �tait annonc� pour honorer de sa pr�sence la c�r�monie religieuse organis�e � l�occasion du Mawlid Ennabaoui. Finalement, il ne sera pas au rendez-vous. Il a d� se r�tracter, semble-t-il, en raison de l�assassinat, le m�me jour, d�Ali Tounsi.