Pr�vu au si�ge de la Mutuelle des mat�riaux de construction de Z�ralda, le 3e congr�s de la Ligue alg�rienne de d�fense des droits de l�homme (LADDH) s�est finalement tenu � la Maison du syndicat, rue d�El-Oued, au niveau de la cit� Bel- Air de Bachdjarah. Les congressistes se sont r�unis, faut-il le souligner, clandestinement, apr�s que la wilaya d�Alger leur eut refus� l�autorisation de tenir leur conclave. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - �Des agents de renseignement tunisiens ont m�me tent� d�assister aux travaux �, rapportera le porte-parole du congr�s, A�ssa Rahmoune, pour justement rendre compte des interventions de leurs concitoyens, � savoir le pr�sident de la Ligue tunisienne des droits de l�homme et le pr�sident du Conseil national pour les libert�s et le respect des droits de l�homme en Tunisie, venus prendre part au congr�s. �Des policiers alg�riens en civil se sont pr�sent�s � la Maison du syndicat en vue d�assister aux travaux, ce � quoi nous nous sommes oppos�s, sans heurts. Pis encore, deux autres agents, tunisiens cette fois-ci, ont proc�d� de la m�me mani�re, une situation que nous n�aurons jamais devin�e. C�est inacceptable ! Ils ont �t�, en tout cas, pri�s de quitter les lieux�, indiquera-t-il. Et de pr�ciser : �Nous avons d�pos� une demande d�autorisation le 28 f�vrier dernier, soit il y a pr�s d�un mois. Et ce n�est qu�hier (24 mars, ndlr) que la Direction de la r�glementation et des affaires g�n�rales (Drag) de la wilaya d�Alger nous a r�pondu. On nous a convoqu�s, � 20h pass�es, pour nous signifier, sans motif, un refus de la tenue du congr�s et pour dire que nous ne pouvions utiliser les locaux de la Mutuelle des mat�riaux de construction.� Violation du droit de r�union ? Cela n�a cependant pas emp�ch� les 154 d�l�gu�s de la LADDH, venus de 34 wilayas, de tenir leur congr�s, rehauss�, note-t-on, par la pr�sence, lors de la c�r�monie d�ouverture, de l�ambassadeur d�Espagne � Alger, des repr�sentants des missions diplomatiques des Etats-Unis, du Canada, de France et de Su�de, des d�l�gu�s du R�seau eurom�diterran�en des droits de l�homme (REMDH) et de la F�d�ration internationale des ligues des droits de l�homme (FIDH), ainsi que du premier SG du Front des forces socialistes (FFS), seule formation politique repr�sent�e � l�occasion. L�ambassadeur d�Espagne, Gabriel Busquets, lequel assume la repr�sentation tournante de l�Union europ�enne, a salu�, dans une br�ve allocution, les �efforts de la Ligue en mati�re des droits de l�homme� et soulign� l��attention que pr�tent le gouvernement espagnol et l�Union europ�enne � la situation des droits de l�homme en Alg�rie�. Cela s�est pass� au 2e �tage d�un immeuble quelconque de la rue d�El-Oued, o� se niche la Maison du syndicat, un lieu d�gageant une certaine atmosph�re de clandestinit�. La b�tisse ne portait aucune indication. A l�int�rieur, des affiches portant des slogans, �Malgr� les interdictions, nous continuons � exister�, �taient l� pour guider les invit�s jusqu�� la salle de r�union dont la hauteur du plafond ne d�passait pas les 2,5 m. Bref, apr�s l�installation du bureau du congr�s, sont intervenus respectivement le pr�sident sortant du comit� directeur de la LADDH, Mostefa Bouchachi, le pr�sident d�honneur Ali Yahia Abdenour, l�ambassadeur d�Espagne, les d�l�gu�s tunisiens et, enfin, Karim Tabou, du FFS. Mostefa Bouchachi axera son allocution sur les �ex�cutions extrajudiciaires � et les �disparitions forc�es� lors de la d�cennie 90 et d�veloppera, plus d�une demi-heure durant, une pol�mique sur le concept de �justice transitionnelle � et la condition d��lucider la v�rit� comme pr�alable au pardon. En substance, cette page douloureuse de notre histoire ne peut �tre tourn�e avant d��tre relue, faute de quoi, elle risque, t�t ou tard, d��tre r��crite par les m�mes acteurs�. Du �qui-tue-qui ?� � peine maquill�. A ses yeux, le maintien de l��tat d�urgence vise plut�t � entretenir le r�gime �totalitaire� en place. �Il est vrai qu�il y a moins de tueries, moins de torture� mais nous avons recul� en mati�re de droits de l�homme. Au nom de l��tat d�urgence, les tenants du r�gime refusent de donner la parole � autrui, n�agr�ent pas de nouveaux partis politiques. Le pays est l�un des plus corrompus au monde, selon les indices de transparence. Un �tat de fait qui compromet les droits au logement, aux soins m�dicaux, � l��ducation et autres droits socio�conomiques et culturels, au m�me titre que l�absence d�encadrement au sein de la soci�t� qui conduit la rue � l�explosion. Les libert�s publiques sont ainsi en recul du fait du r�tr�cissement des espaces publics d�expression libre. La fondation d�un journal est soumise � autorisation du ministre de la Justice, ce qui fait que seuls les suppl�tifs du r�gime peuvent se le permettre�, estimera-t- il. Prenant la parole, Ali Yahia Abdenour, haussera le ton d�un cran et �vitriolera� le ministre de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales : �Le ministre de l�Int�rieur agit comme un consul romain d�il y a vingt-deux si�cles et demi.� L�ancien ministre sous Boumediene n�a pas �galement manqu� de fustiger Farouk Ksentini et sa commission : �Les militants pour les droits de l�homme doivent imp�rativement activer en dehors des sph�res de l�Etat, jamais � c�t� des gouvernants, sinon ce ne seront que des charg�s de mission aupr�s des droits de l�homme�. Et d�appeler les militants de son organisation � ne jamais abdiquer face � ce qu�il qualifiera d��assauts du ministre de l�Int�rieur visant � briser la LADDH�. L. H. L�administration validera-t-elle les r�sultats du congr�s ? Plac�es sous le signe �Agissons ensemble pour la lev�e de l��tat d�urgence�, les assises du 3e congr�s de la LADDH se sont d�roul�es sur deux jours, jeudi et vendredi derniers. Le premier jour a vu la tenue de trois conf�rences th�matiques, en l�occurrence �Les droits �conomiques, sociaux et culturels� donn�e par Mourad Ouchichi de l�Universit� de B�ja�a, �La lev�e de l��tat d�urgence : une urgence nationale� pr�sent�e conjointement par Ali Yahia Abdenour et Mohamed Abdou, pr�sident de la Ligue tunisienne des droits de l�homme, et �Pour un Maghreb des droits de l�homme�, de Ahmed Betatache de l�Universit� de Bouira et Mathieu Routier, repr�sentant du R�seau euro-m�diterran�en des droits de l�homme (REMDH). Quatre ateliers se sont �galement pench�s sur des sujets similaires en plus de la r�vision des statuts et du r�glement int�rieur de la LADDH, et ce, apr�s l�adoption du bilan moral et financier. Le deuxi�me jour, le congr�s a proc�d� � l��lection des instances de la LADDH. Dans un point de presse qu�il a tenu en marge de l�ouverture de ces assises, le porte-parole du congr�s, A�ssa Rahmoune, est revenu sur le �retrait de confiance � � Hocine Zehouane en 2007. �Hocine Zehouane s�est vu destituer par les m�mes instances l�ayant port� pr�sident de la LADDH � l�issue du 2e congr�s en 2005. En 2007, deux tiers du conseil national de la Ligue ont jug� qu�il a d�vi� la ligne de l�organisation et ils ont alors provoqu� une assembl�e extraordinaire au bout de laquelle ils ont install� un nouveau comit� directeur, et ce, conform�ment aux r�gles statutaires de la Ligue.� Sur un autre plan, il craindra la non-validation des r�sultats du congr�s par l�administration. �Nous avons tenu, bon gr� mal gr�, le congr�s mais notre prochain d�fi est la validation de ses r�sultats�, l�chera-t-il.