C'est dans des conditions pour le moins difficiles qu'ont débuté hier les travaux du troisième congrès de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). Il faut signaler d'entrée que les assises de ce congrès dont le slogan est « Agissons ensemble pour la levée de l'état d'urgence » ont failli être sérieusement compromises après que les autorités eurent notifié à la dernière minute, à la direction de la Ligue, l'interdiction de ce conclave, au nom de…l'état d'urgence. « Nous avons déposé une demande auprès de la wilaya d'Alger le 24 février et voilà que mercredi soir, à 20h10, on nous signifie que le congrès n'était pas autorisé », indique le président sortant de la LADDH, Me Mostefa Bouchachi. Initialement prévu à la Mutuelle de la construction de Zéralda (Alger-Est), le congrès s'est finalement tenu sous les auspices de la Maison des syndicats autonomes à Bachdjarrah. Sur les murs, des affiches donnent le ton : « Malgré l'interdiction, nous continuerons d'exister. » Parmi les invités, notons la présence de Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, de Hassan Ferhati de SOS Disparus, de diplomates occidentaux en poste à Alger, dont le représentant de l'Union européenne, ainsi que de quelques ONG internationales. La matinée a été marquée notamment par les interventions de Me Mostefa Bouchachi et de Me Ali Yahia Abdennour, président d'honneur de la LADDH. Me Bouchachi s'est illustré par une véritable plaidoirie contre le régime algérien et ses « atteintes massives » aux droits humains. « L'arrêt du processus électoral en 1992 a donné lieu à de très graves atteintes aux droits de l'homme, entre exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées et usage systématique de la torture », dénonce-t-il, avant d'ajouter : « Nous notons aujourd'hui une régression inquiétante des libertés au nom justement de l'état d'urgence qui continue à tenailler la société civile. » Prenant le relais, Me Ali Yahia Abdennour dira : « Le pouvoir algérien n'a pas compris que l'Algérie de 2010 n'est pas celle de 1962. Il faut que tout le monde comprenne que le peuple algérien a évolué et qu'il veut la souveraineté. Que l'Algérien ne veut plus être traité comme un sujet mais comme un citoyen ! » Et de marteler : « Jamais la LADDH ne se pliera ! Elle ne sera mise au pas ni par le ministre de l'intérieur, ni par le Premier ministre, ni par le président de la République ! » De son côté, le premier secrétaire du FFS a tenu à apporter le soutien de son parti aux congressistes. Les travaux du 3e congrès de la LADDH se clôtureront aujourd'hui par l'élection du président de la Ligue.