Le parquet est saisi dans l'affaire du saccage, jeudi passé, des urnes dans les centres de vote de la commune de Boudjellil, apprend-on de source confirmée. Le parquet aurait confié l'enquête à la brigade de gendarmerie nationale de Béni-Mançour. Mais l'absence de communication à ce sujet empêche de savoir à quel stade se trouvent pour le moment les investigations. Des sources municipales croient savoir, toutefois, que l'enquête concernerait des responsables de l'administration communale, lesquels auraient été convoqués d'ores et déjà par la gendarmerie nationale. La mairie dirigée par un cadre du RND, candidat n°2 aux législatives de mai passé, serait fortement impliquée dans la fraude au profit de la liste du parti d'Ahmed Ouyahia, dont le candidat tête de liste n'est autre que l'ancien maire et élu du mandat 2012-2017 de cette même assemblée populaire communale. «Les électeurs ont été surpris de trouver dans un bureau de vote de la localité d'Aftis, des bulletins de la liste du RND sous un autre paquet de bulletins de la liste du FLN», ont affirmé les protestataires le jour du scrutin qui accusent l'administration communale de rouler au profit du RND. A l'appui de cette accusation, les partisans du FLN avancent en premier lieu comme argument le choix des encadreurs des bureaux et centres de vote, lesquels sont connus pour être dans leur grande majorité des appuis solides de la campagne électorale du RND. «On les a surpris en train d'afficher pour le compte du RND lors de la campagne», avait déclaré, le jour du scrutin, le candidat tête de liste du FLN. Pire encore, «de nombreux électeurs de la localité d'Aftis – village natal du candidat du FLN ndlr – qui ont pourtant voté lors des législatives passées, ont été radiés de la liste électorale du centre de vote», avaient affirmé d'autres candidats. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent, en effet, deux paquets de bulletins de la liste du RND disposés sur les bureaux d'un bureau de vote d'Aftis. L'administration locale, en sa qualité de responsable de l'organisation du scrutin, est pointée du doigt. Mais l'on s'inquiète pour la suite de l'enquête. Concernera-telle uniquement les auteurs du saccage des urnes, ou bien s'élargira-t-elle aux responsables de l'administration qui, de manière indirecte, ont provoqué ces troubles qui ont failli dégénérer, n'était la sagesse des uns des autres ? s'interroge la rue qui craint que des poursuites ne soient engagées que contre les jeunes émeutiers, alors que le Front de forces socialistes qui a présenté une liste conduite par une femme revendique de son côté «une enquête approfondie sur toute l'opération de sabotage du scrutin et de prendre les mesures nécessaires», écrit la section locale de cette formation politique dans une déclaration rendue publique vendredi soir. Le FFS exige par là même «la réorganisation du scrutin dans les 45 jours», conformément à l'article 104 de la loi organique n°16-10 relative au régime électoral. Par ailleurs, la tension qui était palpable le jour du vote à travers quelques localités de la commune est retombée, et les forces antiémeute de la gendarmerie nationale dépêchées sur les lieux des troubles, ont rejoint dans la soirée de jeudi leurs unités.