Les boulangers font monter la patte. Ils viennent de mettre leur menace en application. Faisant fi de la loi fixant le prix de la baguette de pain, ils décident unilatéralement d'augmenter le prix de 50 %. « L'assemblée approuve l'augmentation du prix du pain normal dit ordinaire à 15,00 DA pour un poids de 200 grammes cuit, vente au comptoir à compter du vendredi 01/12/2017», lit-on sur un procès verbal d'une réunion de l'Assemblée générale de la fédération des boulangers de la wilaya de Béjaia. Pourtant, au moment où le gouvernement rassure quant à la non augmentation des prix des produits de première nécessité, les boulangers semblent mettre en application une loi de finances complémentaire. La leur. C'est encore une fois le consommateur qui est dans le pétrin. Après les transporteurs, qui décident quand bon leur semble de s'adjuger des marges bénéficiaires conséquentes, c'est au tour des artisans boulangers de faire de même. Même si le prix du pain ne reflète pas son prix réel, il reste que la manière avec laquelle cette augmentation a été opérée dénote de l'anarchie qui règne dans cette profession. Alors que le ministère, les organisations socioprofessionnelles et les associations de consommateurs sont unanimes à rejeter ce fait du prince, les boulangers obligent encore une fois le consommateur à consentir des sacrifices. Cette hausse a suscité une vive indignation sur les réseaux sociaux qui s'alarme de la hausse d'un produit pourtant subventionné par l'Etat. Ce n'est pas la première fois que des produits de première nécessité font l'objet de spéculation. N'a-t-on pas vu le lait en sachet, vendu à 35 DA dans les marchés ou sur les places publiques, au vu et au su de tous. Même les services du ministère du Commerce censés contrôler et surtout sanctionner ce genre de pratiques, ont disparu des radars, laissant le citoyen livré pieds et poings liés aux spéculateurs. Ainsi, avant même que la loi de finances, tant controversée, entre en vigueur, le consommateur se verra contraint à une autre cure d'austérité, de la part de leur boulanger. De quel droit ? Quelle sera la réaction des pouvoirs publics face à cette « rébellion», sachant que c'est au moment que le ministère du Commerce appelle les professionnels à plus de concertation, que ces derniers le prennent de court ? L'Etat qui doit assumer sa mission de régulateur, doit utiliser tous les moyens pour faire respecter les lois de la République. Pour sa part le consommateur n'a d'autre choix que de se soumettre au fait accompli, en attendant que les choses reprennent leur cours normal, à savoir le retour des boulangers à la légalité.