Les boulangers de M'sila affirment se trouver dans un vrai pétrin, tellement leur situation financière empire. M. Akrib Abdennour, leur porte-parole, tire la sonnette d'alarme en évoquant le problème du prix de vente de la baguette de pain fixé par les pouvoirs publics à 7,50 Da et qui est resté stationnaire depuis l'année 1996, alors que les produits, les équipements, l'énergie et la main-d'œuvre liés à la production du pain ont subi une hausse exorbitante. Notre interlocuteur a comparé les prix de l'année 1996 de certains produits tels la levure, qui était à 170 DA/kg, passée à 320 DA, l'améliorant de 160 DA à 260 DA/kg, le sucre qui était à 15 DA a grimpé jusqu'à 80 DA/kg, le bidon d'huile de 5 litres de 180 DA à 550 DA, pour ne citer que ceux-là. Pour ce qui concerne la main-d'œuvre, les mitrons s'ils ne sont pas bien payés ne pourront jamais soutenir la cadence quantitative et qualitative de la production du pain. Beaucoup d'entre eux ont été poussés à la faillite «à cause des surendettements auxquels nous avons été confrontés, notamment avec les minoteries et les importateurs de certains produits de première nécessité», nous dira M. Akrib. Et d'ajouter que les boulangeries ont tenu à «dénoncer la politique discriminatoire de l'Etat quant à la vente de la baguette de pain à 10 à Alger et d'autres grandes villes, et n'arrivent pas à comprendre ces deux poids deux mesures qui ont fait déborder le vase». Enfin, le même interlocuteur soulignera que la colère des boulangers est bien motivée, n'excluant pas que ces professionnels baissent rideaux dans les prochains jours. Les boulangers de M'sila ne sont pas les premiers à protester. Des boulangers de Constantine, et en présence d'un membre du bureau national du syndicat des boulangers, M. Dekkouche, s'étaient réunis dernièrement avec les membres de l'UGCAA pour examiner, «une fois encore, disent-ils, la situation de leur commerce qui leur semble intenable à l'heure actuelle, et se concerter sur la possibilité de déclencher une grève générale dans le cas où leurs revendications n'aboutiront pas». «En plus de l'augmentation constante des produits de base, la mise en application de la loi O9-O3 du 27 Février 2OO9, relative à la protection du consommateur et la répression des fraudes, a rendu la situation des boulangers et pâtissiers très difficile, explique M. Amar Boutamine, secrétaire général du bureau de wilaya de l'UGCAA de Constantine. Ces commerçants sont continuellement harcelés par les services de contrôle et de l'hygiène, alors qu'à côté de leurs établissements, sur le trottoir et dans les épiceries, on vend le pain sans contrôle aucun. Ils exigent que ces pratiques anormales cessent. C'est pour toutes ces raisons qu'ils commencent à perdre patience, car leur difficile situation perdure».