Au moment où les problèmes au sein des universités ne font que s'amplifier, le ministre de tutelle lance la numérisation générale dans ces établissements, assurant qu'à partir de 2018, toute utilisation de papier sera supprimée. Tout au long de l'année précédente, plusieurs scandales se sont ajoutés au palmarès des universités algériennes. Pour avoir dénoncé la négligence et la corruption, des professeurs se sont fait agresser, des fraudes signalées à l'examen de doctorat, ainsi que le licenciement des professeurs sans aucune raison valable. S'exprimant, mercredi dernier, sur sa page Facebook, le professeur à l'université d'Alger 3, Mokhtar Bengouia a révélé qu'après avoir été poursuivi en justice par le recteur, Rabeh Cheriet, la justice l'a innocenté de toutes les accusations portées contre lui. «L'enquête menée par les services de la gendarmerie nationale a prouvé que toutes les charges portées contre moi sont fausses. C'est pour cela que la décision du juge a été en ma faveur», annonce le professeur. Le recteur d'Alger 3 a décidé de recourir à la justice en réponse au communiqué dénonçant la situation «catastrophique» de l'université, publié par ces trois membres du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), Kennouche Mohamed, Mokhtar Bengouia et Fellah Ahmed, licenciés par l'administration. En fait, le recteur de l'université Alger n'en est pas à sa première plainte contre les enseignants affiliés au Conseil. Le professeur Bengouia a assuré que c'est grâce à la justice qu'il a réussi à récupérer son dossier déposé lors de son conseil de discipline. Un dossier qui, selon Bengouia, est vide, n'ayant mentionné aucune faute professionnelle. Le Pr Mokhtar Bengouia a été licencié depuis juillet 2017, sans aucune raison valable. Il a accusé le recteur de l'université, Rabah Cheriet, d'être derrière son licenciement. En outre, le conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a menacé, à plusieurs reprises, l'entame d'une grève ouverte à travers le pays à cause de l'«injustice» que subissent les professeurs dans les universités. Dernièrement, un autre cas similaire à celui du Pr Bengouia a été enregistré à l'université de Bordj Bou Arréridj. De ce fait, plus de 250 enseignants se sont rassemblés à l'université en soutien à leur collègue, le Professeur Zohir Rouabah, secrétaire national du CNES, chargé de l'animation scientifique, «arbitrairement traduit en conseil de discipline», avec blocage de son salaire. Numérisation générale Cependant, face à cette situation difficile que traverse l'université algérienne, le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Tahar Hadjar, a affirmé que la prochaine année universitaire sera celle de «zéro papier», soulignant que son secteur fera exclusivement appel à l'outil informatique dans toutes les opérations relatives aux inscriptions, œuvres universitaires, comptabilité et finances. Une annonce faite lors d'une plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales sur les insuffisances ayant marqué la rentrée universitaire 2017-2018. Le premier responsable du secteur a relevé que toutes les opérations liées aux inscriptions universitaires et aux informations du secteur seront informatisées (recrutements, comptabilité, finances, inventaire..etc). «Nous recourrons à la base de données du ministère de l'Intérieur pour les données administratives des étudiants (photos, âge, nom et prénoms, etc.), et celle du ministère de l'Education pour leur parcours scolaire», précise le ministre, avant d'ajouter que cette démarche s'inscrit dans le cadre du processus adopté depuis quelque années pour parvenir à la e-gouvernance. Par ailleurs, Hadjar a démenti l'existence de cas d'étudiants universitaires, qui bien que réunissant toutes les conditions nécessaires, ont été privés de s'inscrire dans certaines spécialités. Affirmant à cet effet que le seul cas où des étudiants se sont vu refuser l'accès à une spécialité, c'est pour l'Ecole supérieure des enseignants (ENS) dont les places sont fixées selon les besoins du ministère de l'Education nationale et ce, jusqu'à 2035.