La contrebande, cette forme pernicieuse de la criminalité transnationale, s'est progressivement «épanouie» ces dernières années dans notre pays. Notamment aux frontières avec nos voisins de l'Ouest et du Sud. Rien ne semble épargné par ce phénomène qui touche pratiquement tous les produits, dont ceux de base comme les produits alimentaires, les médicaments, la pièce de rechange, voire même Le cheptel. Plus grave encore, le fléau porte un coup dur à notre économie en ce sens qu'il touche à certains produits soutenus par l'Etat, comme les carburants. Le développement des moyens de communication et de transport aidant, cette «activité» porte un véritable pied de nez à tout effort de développement sur le double plan économique et social, notamment dans la bande frontalière. De par le trafic, le gain facile qu'elle charrie, la contrebande annihile chez l'individu tout effort d'activité constructive dans le cadre règlementaire en sus du fait qu'elle décrédibilise l'Etat et sape son efficacité. Elle favorise on ne peut plus dangereusement l'économie parallèle et est à l'origine de la détérioration de la qualité des services. Cependant, de la bande frontalière où elle a pris naissance, la contrebande a élargi ses tentacules jusqu'à toucher bien des localités aux quatre coins du pays. Elle a tellement pris de l'ampleur que le volume, dit-on, des produits nationaux «expatriés» vers nos voisins de l'Ouest dépassent de très loin les besoins de leur partie orientale. Les saisies opérées au courant de ces trois dernières années par les brigades mobiles de nos douanes et autres corps de sécurité qui sont aux aguets, sont saisissantes et renseignent un peu plus sur les caractéristiques et autres tendances du phénomène. Celui-ci touche d'une manière beaucoup plus récurrente le cheptel, les produits alimentaires (Tébessa et Souk Ahras), les boissons alcoolisées, le carburant, les effets vestimentaires (Tlemcen), les cigarettes étrangères, le carburant au sud du pays (Adrar, Tamanrasset et Ouargla). Il faut dire que concernant la cigarette de marque étrangère, l'arrêt de son importation a considérablement déséquilibré l'offre et la demande en la matière. Ce qui a poussé les contrebandiers à se procurer d'autres sources d'approvisionnement, principalement de Mauritanie et de Tunisie où de petites unités de fabrication de cigarettes étrangères pullulent. Ce qui rajoute à la complexité des missions des éléments de la Gendarmerie nationale et autres corps de sécurité et agents douaniers dans la lutte implacable et de tout instant contre le fléau. En sus du danger certain qu'ils font encourir à la santé des citoyens, les produits de la contrebande qui brassent une large et diversifiée palette, alimentent, de par les bénéfices financiers énormes qu'ils suggèrent, d'autres fléaux tout aussi dévastateurs, sinon plus. Ils soutiennent substantiellement les réseaux criminels, notamment le terrorisme et le trafic de stupéfiants. Mais comment expliquer l'expansion exponentielle de la contrebande, notamment des deux côtés de la frontière ? Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer le phénomène. D'abord, la bonne qualité de nos produits prisés par nos voisins. Ensuite, le gain facile induit par la différence des prix pratiqués de part et d'autre des frontières. Enfin, la présence de plus en plus importante d'habitations le long du tracé frontalier, ce qui facilite les opérations de troc.