C'est pour le moins une grave accusation celle que vient de lancer le RND contre le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, soupçonné de chercher à briser «l'alliance présidentielle» existante de fait entre ces deux béquilles du pouvoir. Le parti d'Ahmed Ouyahia, à travers son bureau de wilaya de Bordj Bou Arreridj, a accusé Ould Abbès d'avoir passé «un accord contre-nature et irraisonnable» avec le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, «pour des intérêts étroits». Accrédité de 17 sièges sur 39 à l'APW de Bordj Bou Arreridj, contre 13 pour le FLN et 9 pour le Front El-Moustakbal, le RND qui dit avoir pris attache avec son allié stratégique afin de constituer une alliance dans l'intérêt des citoyens de la wilaya, s'est senti poignardé dans le dos. «Malheureusement, nous avons appris, de façon surprenante, le déplacement de membres du Bureau politique du FLN dans la wilaya, MM. Ahmed Boumahdi et Djamel Madi, pour informer la base que le secrétaire général, Djamel Ould Abbès, s'est mis d'accord avec le président du Front El Moustakbal, pour former des alliances dans plusieurs wilayas dont Bordj Bou Arreridj», regrette le bureau local du RND, dans un communiqué. Le mécontentement du RND suite à cette alliance qu'il qualifie de «contre-nature» est justifié par le fait qu'elle «soit basée sur des intérêts étroits». Et pour cause, «elle unit entre un parti dont le président d'honneur est Abdelaziz Bouteflika, et un autre dont le président ne cesse de critiquer le programme du président de la République et va même jusqu'à se douter de son parcours pour la paix et la réconciliation nationale entre les enfants du pays», fera remarquer le bureau du RND. Rappelons que le 29 septembre dernier, à l'occasion de la commémoration de l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Belaïd s'est attaqué à Bouteflika, estimant que «tout le monde a sacrifié durant ces années-là (1990, Ndlr) et personne n'a le droit de s'approprier la réconciliation». Avant d'enchaîner dans une sévère pique : «Tout le monde se rappelle où se trouvait le premier responsable actuel du pays durant cette période», reprochant ainsi au chef de l'Etat, le fait d'avoir vécu à l'étranger durant la décennie noire. Plus grave encore, «Abdelaziz Belaïd a, jusqu'à un passé récent, tenu des propos blessants contre le premier magistrat du pays», précise-t-on dans le communiqué. Devant cette entente contractée au niveau national, les militants du RND posent un certain nombre d'interrogations sur «ses visées et dessous», surtout qu'elle «est venue suite à des instructions du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès qui vante publiquement l'alliance présidentielle et donne, en dessous, des directives visant à déstabiliser la même alliance». Il est vrai que l'accusation n'émane pas directement de la direction du RND, mais force est de constater qu'il s'agit d'une grave charge qui engage le parti du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Ses militants à Bordj Bou Arreridj vont jusqu'à exprimer leurs «inquiétudes quant à l'avenir de cette alliance», appelant à l'occasion le FLN à «revenir à la raison dans l'objectif de servir le pays et d'appliquer le programme du président». Après, donc, les échanges d'amabilités lors de la campagne électorale, voilà que le jeu d'alliance au niveau des assemblées élues dévoile la rivalité entre le FLN et le RND dont les bases militantes sont, théoriquement, sensées suivre l'orientation politique de leurs directions respectives. Une rivalité qui cache bien des desseins à l'approche des élections présidentielles de 2019...