Les tractations autour de la formation des exécutifs communaux et de wilaya aidant, Djamel Ould Abbes prend sa revanche en allant chercher d'autres alliés, des partis de la périphérie du pouvoir et même de l'opposition, comme le FFS. L'Alliance présidentielle bâtie sur les deux piliers, FLN et RND, se fissure. Et Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, semble travailler pour l'achèvement de l'effondrement de l'édifice. C'est, du moins, ce qui apparaît dans les manœuvres post-élections locales où le FLN a opposé le niet à toute alliance avec le RND dans les Assemblées locales. En effet, le FLN, sorti premier de ce scrutin, a négocié dans certaines communes et wilayas des alliances inédites. En effet, le FLN s'est allié, notamment avec le FFS et le Front El-Moustakbal, mais dans aucune région avec le RND qui était demandeur si l'on se fie à la déclaration de son bureau de Bordj Bou-Arréridj dans laquelle le parti d'Ahmed Ouyahia s'est plaint de cette attitude du FLN. Pourtant, lors de la création de l'alliance, il a été bien précisé de continuer à travailler en coordination jusqu'à la base et dans les Assemblées locales. En fait, Ould Abbes ne fait que suivre le chemin tracé par son prédécesseur, Amar Saâdani, qui s'était attaqué à Ahmed Ouyahia et à son parti, considérant que le FLN est la locomotive de l'alliance et, de ce fait, qu'il est le seul à dicter le format de l'alliance et la conduite à adopter. La tension montera davantage lors de la campagne pour les législatives où Ould Abbes s'est employé à "démolir" le RND avec des piques contre Ouyahia. Les deux partis se sont même disputés la proximité avec le président de la République. Le FLN en sort amoindri de cette échéance, mais garde la majorité talonné de près par le RND. Le même scénario est rejoué à l'occasion des élections locales où le FLN a laissé des plumes. Ahmed Ouyahia a joint sa voix à celle des partis de l'opposition qui ont dénoncé la fraude. Il a reconnu qu'il y a eu des dérapages et son "nous avons été lésés" laisse entendre qu'on a enlevé des voix au RND pour les reverser illégalement au compte du FLN puisque c'est lui qui a gardé la majorité. Tout le monde a d'ailleurs accusé l'administration et des militants du FLN d'avoir trafiqué le vote. Une accusation qui n'a pas échappé à Djamel Ould Abbes qui prend sa revanche en allant chercher d'autres alliés, des partis de la périphérie du pouvoir et même de l'opposition comme le FFS. Il s'est même empressé d'annoncer l'adhésion d'Abdelhakim Bettache, tête de liste indépendante vainqueur à l'APC d'Alger-centre au FLN, après avoir pris l'APW d'Alger avec une alliance avec le FFS. Est-ce pour autant la fin de l'alliance présidentielle ? Pas sûr, du moment que son élargissement a été évoqué. Ce que confirme également l'appel du pied d'Abdelaziz Belaïd, secrétaire général du Front El-Moustakbal, qui a déclaré être prêt à rejoindre le gouvernement "sous conditions". L'option d'une reconfiguration de l'alliance présidentielle est beaucoup plus plausible dans cette optique. Et le FLN qui a perdu des sièges lors des législatives et des locales a tout intérêt à trouver d'autres alliés pour pouvoir réduire la marge de manœuvre du RND ou, et pourquoi pas, pouvoir le neutraliser. Mais dans cette équation avec ces échanges inamicaux, beaucoup plus proches des scènes de ménage que de la pratique politique, tous les regards restent braqués sur l'horizon 2019 avec la présidentielle. Ould Abbes a dans sa tête le nom du prochain Président, sans en dire plus, à moins qu'il soit dans la logique du 5e mandat pour le président Bouteflika. Contre qui Ahmed Ouyahia ne se présentera jamais. Mais Ouyahia se présentera si Bouteflika n'est pas candidat. Et le FLN, sans un ordre d'en haut, n'est pas enclin à le soutenir. C'est dans la nature même du FLN. Djilali B.