A l'appel du collectif des comités d'étudiants de l'université Mouloud-Mammeri, une imposante marche populaire s'est déroulée, hier, dans la ville de Tizi Ouzou, pour réclamer la prise en charge de la langue amazighe, avec la participation de milliers d'étudiants, de lycéens et de collégiens venus de différents établissements de la wilaya. Cette marche, qui intervient après deux semaines de nombreuses autres actions de rue organisées par des lycéens et des collégiens à travers différentes localités de la wilaya, afin de dénoncer ce que ces jeunes manifestants qualifient de «rejet par les députés d'une loi pour la promotion de tamazight», a été marquée, il faut le souligner, par une large mobilisation, en témoignent les dizaines de milliers de marcheurs qui ont répondu à l'appel d'hier. En plus des milliers d'étudiants des différents campus et départements de l'université Mouloud-Mammeri, qui se sont regroupés dés les premières heures de la matinée devant le portail principal du campus de Hasnaoua sis à la Nouvelle ville, ils étaient des centaines d'autres étudiants à rejoindre le mouvement depuis le campus de Tamda, après avoir parcouru plus de quinze kilomètres à pied. Cela à d'ailleurs créé une grande pagaille durant toute la matinée d'hier sur la RN12, où des milliers d'usagers de cet important axe routier ont trouvé toutes le peines du monde pour rejoindre la ville de Tizi Ouzou en raison de l'énorme bouchon causé par cette marche. Une action qui a vu également la participation de centaines de collégiens et lycéens de différentes localités de la wilaya, venus grossir le camp des manifestants, avant que la marche ne s'ébranle aux environs de midi depuis le portal de Hasnaoua jusqu'au siège de la wilaya. Les manifestants qui brandissaient des drapeaux berbères et des portraits à l'effigie du chanteur Matoub Lounès, scandaient tout au long de la marche qui s'est déroulée sans le moindre incident, des slogans favorables à la promotion de la langue tamazight, tout en observant de nombreuses haltes, sous le regard de centaines de badauds dans une ambiance juvénile qui nous rappelle par moment les célébrations des exploits sportifs de la JSK, tellement les marcheurs étaient dans leur écrasante majorité des adolescents n'ayant aucune culture politique. D'ailleurs, le fait saillant de la marche d'hier a été l'absence quasi totale des personnalités politiques ou du mouvement associatif, d'où la légitime question que ne cessent de poser les acteurs politiques de la région sur les motivations de ces mouvements de protestations qui ne cessent de prendre de l'ampleur ces derniers jours en Kabylie. Ils sont nombreux, en effet, les militants de la cause identitaire et les acteurs politiques ancrés en Kabylie, notamment du côté du FFS et du RCD, à s'interroger sur les auteurs de ce que qu'ils qualifient de rumeurs et de spéculations à propos d'un prétendu vote des députés contre tamazight. «Ce sont des spéculations et des rumeurs. Comme d'habitude, il y a de la manipulation, il faut faire très attention et être vigilant. Ce n'est pas le PT qui va nous donner des leçons sur la langue amazighe, ils veulent instrumentaliser la cause identitaire et faire du commerce sur son dos. On connaît tous le parti du PT. Ils veulent créer la zizanie en Kabylie. Je lance un appel aux parents d'élèves et les exhorte à être vigilants» confiait avant-hier, Mohamed Klalèche, député du FFS, en marge de l'installation du nouveau P/APW de Tizi Ouzou.