Le barrage de Taksebt commence à cacher ses «entrailles», celles-là même qui étaient visibles depuis le milieu de l'été quand le niveau de l'eau emmagasinée a baissé drastiquement au fil des jours et des semaines. De 42 % vers la mi-août, le volume a baissé de 12 % en l'espace d'un mois seulement. Il fera ensuite un plongeon pour atteindre un taux jamais atteint depuis sa mise en service en raison du manque de pluviométrie durant l'hiver dernier. La baisse des plus sensibles a lourdement pesé sur la situation et les populations avaient commencé à montrer des signes d'inquiétude apparents malgré les mesures prises par les services de l'Algérienne des eaux (ADE) qui ont décidé depuis quelques mois de revoir à la baisse le volume d'alimentation en eau potable de la wilaya de Tizi Ouzou, cela n'a pas empêché le volume du barrage de baisser à une vitesse vertigineuse. Il y a eu d'abord la décision de suspendre l'alimentation en eau potable de la wilaya d'Alger à partir de ce barrage qui affichait à cette période un taux de remplissage de 41% seulement. Une mesure préventive dictée, selon le directeur de l'hydraulique de la wilaya de Tizi Ouzou, par le souci de faire augmenter les réserves de cet important réservoir desservant la wilaya de Tizi Ouzou et une partie des wilayas de Boumerdès et d'Alger. Cette décision de suspendre l'alimentation en eau potable de la wilaya d'Alger qui recevait jusque-là la plus grande partie des ressources quotidiennes du barrage Taksebt avec 200 000 m3 d'eau par jour soit un taux de 42%, avait, en effet, permis d'économiser un important volume de ressources qui a servi à assurer l'alimentation régulière des wilayas de Tizi Ouzou et Boumerdès. Mais comme les choses se sont empirées, les services de l'ADE avaient encore pris la décision de réduire le quota de la wilaya de Tizi Ouzou de 200 000 m3 par jour à 180 000 m3 puis à seulement 160 000 m3. C'était la seule façon de rationaliser un tant soit peu l'alimentation en eau potable. Générosité du ciel Ainsi et au moment où la situation devenait intenable, avec la baisses des quantités pompées accompagnées d'appels à l'endroit des populations afin de préserver cette ressource dans le but de ne pas compromettre l'alimentation en eau des foyers de la wilaya, voilà que le ciel montre sa générosité avec un mois de novembre pluvieux et des chutes de neige sur le Djurdjura qui est l'un des plus importants bassins alimentant le barrage de Taksebt. Rien que durant les derniers jours du mois de novembre dernier, un apport de 8 millions de M3 a été enregistré. Il sera encore renforcé par un autre apport grâce aux fontes des neiges, notamment de 6 millions de M3 au 14 du mois en cours. Ce qui porte l'apport globale en l'espace de trois semaines à 14 millions de M3, ce qui remontera le volume du barrage à 60 millions de M3. Cette semaine qui s'annonce encore pluvieuse, selon les prévisions des services de la météo, renforcera encore le volume de stockage de cette infrastructure hydraulique qui est la plus importante de la wilaya avec une capacité de stockage de 185 millions de M3. 67 forages perdus Avant la mise en service du barrage de Taksebt, la wilaya de Tizi Ouzou a toujours été alimentée essentiellement par les forages qui pompent de l'eau de la nappe phréatique du Sébaou. Le site de l'Oued Sébaou dont l'estimation de la nappe alluviale était de 28 %, du temps où ce site méritait encore son nom, est délaissé depuis de longues années. Aujourd'hui, au moins 67 forages sont perdus en raison des agressions multiflores qu'a connues l'oued, plus particulièrement par l'extraction effrénée de sables et d'agrégats. Les pelleteuses creusent des cratères géants jusqu'à atteindre la nappe phréatique. Il suffit de faire un tour pour mesurer l'ampleur de la pollution qui ravage l'Oued Sébaou. Aujourd'hui ce site est mort. Son lit s'est rétréci dangereusement et il ne reste plus que d'immenses nappes d'eaux usées d'où se dégagent des odeurs à faire fuir les plus téméraires. Aussi, il est devenu le réceptacle de toutes sortes de déchets. D'immenses quantités de déchets de bâtiments, entre autres sont régulièrement déversées sur ce qui reste de son lit. Du coup, il est n'est pas exclu à ce que la nappe phréatique soit touchée par la pollution. La réalisation d'autres barrages comme salut La wilaya de Tizi Ouzou compte deux principaux bassins versants dont le principal est sans doute celui du Djurdjura (Un bassin versant est une aire géographique qui correspond à l'espace de réception des précipitations, des écoulements de surface et souterrains vers un même et unique cours d'eau. La ligne de partage des eaux est une ligne de relief (les crêtes), de part et d'autre de laquelle ruissellent les cours d'eau (quelle que soit leur importance). Pour canaliser les eaux des deux bassins, des projets de barrages sont en cours comme celui du barrage de Souk n'Tleta, lancé en chantier en mai 2015 et dont le taux d'avancement des travaux a atteint 43 % ne sera finalement pas réceptionné avant la fin de l'année 2019. Ce barrage, le deuxième plus important réservoir en eau dans la wilaya derrière celui de Taksebt aura une capacité de 98 millions m3, et devra alimenter en eau potable 188 villages de la wilaya de Tizi Ouzou pour une population de 240 000 habitants des communes de Tirmitine, Sidi Naâmane, Tadmaït, Maâtkas, M'kira, Aït Yahia Moussa et le futur pôle d'excellence à Oued Fali et une partie de la wilaya de Boumerdès. Les nombreuses oppositions de citoyens qui ont été finalement levées ont freiné les travaux. Aussi, il y a eu la réévaluation du coût du projet qui est passé d'une autorisation de programme (AP) initiale de 10 milliards DA à 17 milliards DA. Il est à préciser aussi que les pouvoirs publics ont inscrit à l'indicatif de la wilaya, outre le barrage de Souk N'Tleta, trois autres barrages à Sidi Khelifa, Stita et Bounachi. Aussi, faut-il signaler que pas moins de 70 projets dans le secteur des ressources en eaux sont inscrits à l'indicatif de la wilaya pour une autorisation de programme globale de 24 milliards de DA.