La décision du chef de l'Etat de faire du 1er Yennayer journée chômée et payée a suscité les réactions d'acteurs politiques, notamment ceux ayant appelé à décréter ce premier jour du calendrier berbère journée nationale au même titre que le premier janvier et le premier moharrem. «Je suis très heureux de la décision courageuse prise par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, concernant la promulgation d'un décret présidentiel consacrant le premier jour de l'an amazigh «amenzu n yennayer» correspondant au 12 janvier de chaque année comme journée chômée et payée et une fête nationale à célébrer au même titre que toutes les autres fêtes nationales et officielles», a réagi le député du Front El Moustakbal, Khaled Tazaghart. «Mebrouk à tous les imazighen du monde, à tous les nords-africains et je tiens à rendre un vibrant hommage à toutes les militantes et tous les militants de la cause amazigh. Qui vivra verra tamazgha vaincra», a-t-il ajouté. Il y a quelques jours, ce député avait, dans le sillage de l'amendement du PT qui a donné lieu à des manifestations d'envergure en Kabylie, dont celles de Bouira ont tourné à l'émeute, interpellé le chef de l'Etat afin de décréter amenzu n yennayer comme journée nationale. «Il est temps pour le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, d'opérer les révisions déchirantes capables de rendre confiance et de réconcilier les populations avec leurs institutions et la nation avec l'Etat. Il est temps pour la promulgation d'un décret présidentiel consacrant le Premier Jour de l'An Amazigh comme Journée Fériée et une Fête Nationale à célébrer au même titre que toutes les autres fêtes nationales et officielles», avait affirmé le député. Mercredi dernier donc, à l'issue du Conseil des ministres, la décision a été prise de faire de Yennayer une journée chômée et payée. Les députés du Parti des travailleurs, dont Ramtane Taazibt et Nadia Chouitem, ont salué cette décision, expliquant que le combat pour Tamazight n'a pas été vain. «Yennayer fête nationale, académie de tamazight et pas vers la généralisation de l'enseignement de tamazight. Vive la lutte», s'est félicité la députée Nadia Chouitem. Pour sa part, le Secrétaire général du Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, a salué la décision annoncée mercredi en Conseil des ministres, à travers laquelle le président Bouteflika «réaffirme, encore une fois, qu'il est toujours au rendez-vous avec l'Histoire, porteur d'une vision d'avenir au service de la stabilité du pays et de l'unité nationale ». Il a, dans ce sens, considéré l'officialisation de Yennayer comme «un saut qualitatif pour la consolidation de la cohésion de la société algérienne et une motivation supplémentaire pour la poursuite des efforts dans le sens de la généralisation graduelle de la langue amazighe à travers l'ensemble du territoire national». Unité consolidée Rappelant que cette décision intervient une année après la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale et officielle, il a souligné que «pour la première fois depuis le recouvrement de l'indépendance nationale, Yennayer sera célébrée de manière officielle en Algérie». De son côté, le professeur de linguistique Abderazzak Dourari, également directeur du Centre national pédagogique et linguistique de l'enseignement de Tamazight (CNPLET), a considéré cette décision «très importante», à travers laquelle l'Etat «consacre les symboles d'unification de son peuple». Des partis politiques ont également rendu hommage au président de la République pour sa décision courageuse de consacrer Yennayer journée chômée et payée dès le 12 janvier 2018. C'est le cas notamment du Front de libération nationale (FLN) qui, par la voix de son député Said Lakhdari, a salué la décision du chef de l'Etat qui «a agi dans le sens de renforcer davantage l'unité du peuple algérien», a-t-il souligné. Abondant dans le même sens, Nourdine Ait Hamouda, député indépendant de Tizi Ouzou, a écrit sur sa page Facebook qu'«enfin Yennayer prend la place qui lui sied», saluant «cet autre acquis historique du combat identitaire» qui doit être parachevé par «la mise en place de l'Académie de la langue amazigh qui assurera sa promotion». Le Front des Forces socialiste (FFS), par la voix de son membre dirigeant, Hassen Ferli, a estimé, quant à lui, que la décision du chef de l'Etat «est le fruit d'un long combat mené par le FFS depuis toujours en faveur de la promotion de la langue et de la culture amazigh», soulignant que «seule la lutte pacifique paye». Cette décision a été également saluée par le président du Front de l'Algérie nouvelle (FAN), Djamel Ben Abdeslam qui a émis le vœu de voir la culture et la langue amazigh bénéficier d'autres acquis à l'avenir. Des ministres ont également réagi à la décision du chef de l'Etat d'instituer le 12 janvier journée chômée et payée. Bedoui, Benghebrit et Kaouane se félicitent La décision a fait réagir également des membres du gouvernement. Ainsi, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, a qualifié cette décision d'historique qui tend à consacrer les valeurs nationales. «Cette décision qui intervient suite à la constitutionnalisation de Tamazight à travers la dernière révision constitutionnelle tend également à conforter l'unité nationale», a-t-il souligné, affirmant que la langue amazighe «existe dans toutes les régions du pays». «La décision de son Excellence, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de faire de Yennayer, jour de l'an amazigh, une journée nationale chômée et payée, est un acte historique», a indiqué pour sa part, le ministre de la Communication Kaouane sur le site officiel du ministère de la Communication, ajoutant qu'elle «consacre un élément important de notre identité après la constitutionnalisation de Tamazight comme langue nationale et officielle et concourt au renforcement de notre identité nationale». De son côté, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a indiqué que cette consécration est une mesure importante qui vient en parachèvement de toutes les mesures prises dans le cadre de la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle. Elle a rappelé que durant l'année scolaire 2016/2017, plus de 27 000 établissements éducatifs, répartis à travers tout le territoire national, ont célébré le nouvel an amazigh, ajoutant que Tamazight est enseigné actuellement dans 38 wilayas contre 11 wilayas en 2014.