Le gouvernement syrien a promis mardi de se défendre contre une intervention internationale qui semble de plus en plus probable, mettant au défi l'Occident de prouver qu'il avait eu recours à des armes chimiques. Alors que le président Barack Obama étudie, selon la presse américaine, la possibilité d'une attaque brève et de portée limitée, le Premier ministre britannique David Cameron a convoqué son Parlement pour un vote jeudi sur "la réponse du Royaume-Uni aux attaques à l'arme chimique" en Syrie. Lors d'une conférence de presse, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a rétorqué que son pays se défendrait en cas de frappe militaire et agité l'épouvantail islamiste. "Nous avons deux options: soit nous rendre, soit nous défendre avec les moyens dont nous disposons. Le seconde alternative est la meilleure: nous nous défendrons", a-t-il affirmé. "S'en prendre à la Syrie n'est pas une mince affaire. Nous avons des moyens de défense qui vont surprendre", a-t-il averti. Selon lui, une intervention militaire "servira les intérêts d'Israël et en deuxième lieu, du Front al-Nosra", groupe armé combattant avec les rebelles syriens et qui a prêté allégeance à Al-Qaïda. Mettant ceux qui veulent frapper la Syrie "au défi de montrer ce qu'ils ont comme preuves" concernant un éventuel usage d'armes chimiques par le régime, il a par ailleurs prévenu qu'une telle attaque n'affecterait pas la campagne militaire menée depuis deux ans par Damas contre les rebelles. Ces déclarations interviennent alors que les Etats-Unis et leurs alliés semblent de plus en plus déterminés à lancer une frappe contre le régime syrien, accusé d'être à l'origine d'une attaque chimique près de Damas le 21 août. "Indéniable" Un porte-parole de M. Cameron, qui a écourté ses vacances en raison de la crise syrienne, a indiqué que le Royaume-Uni préparait "des plans militaires", tout en précisant qu'aucune décision n'avait encore été prise. "Des armes chimiques ont été utilisées en Syrie", a déclaré lundi le secrétaire d'Etat John Kerry, "c'est indéniable". Si M. Kerry n'a pas évoqué de projet de frappe, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel avait néanmoins déclaré ces derniers jours que les forces américaines étaient prêtes à agir si nécessaire. Selon la presse américaine, le président Obama réfléchirait à une frappe limitée, qui ne durerait probablement pas plus de deux jours selon le Washington Post. Le New York Times estimait lui aussi que M. Obama donnerait probablement l'ordre d'une opération limitée, tels que des tirs de missiles de croisière depuis des bâtiments américains en Méditerranée, sans chercher à renverser le président Bachar al-Assad. Mais, Moscou, principal allié de la Syrie, a de nouveau lancé une mise en garde, appelant la communauté internationale à la "prudence". Les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité, créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région (...) auront des conséquences catastrophiques pour les autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord", a averti le ministère russe des Affaires étrangères. Autre allié de Damas, l'Iran a également prévenu des "lourdes conséquences" qu'aurait une intervention militaire étrangère. Selon le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, les pays occidentaux décideront d'une réaction "dans les jours qui viennent". Si l'Italie a rejeté mardi toute intervention sans approbation du Conseil de sécurité, la Turquie s'est dite en revanche prête à rejoindre une coalition, même sans consensus à l'ONU, et l'Allemagne approuverait une éventuelle "action" si l'usage d'armes chimiques était confirmé. Mission de l'ONU reportée L'opposition et des pays occidentaux accusent le régime syrien d'avoir tué des centaines de personnes le 21 août à Moadamiyat al-Cham et dans la Ghouta orientale, deux régions contrôlées par les rebelles à l'ouest et à l'est de Damas, en ayant recours à des gaz toxiques. Les experts de l'ONU chargés d'enquêter sur ces attaques devaient reprendre leur travail mardi, mais leur mission a été reportée à mercredi, selon M. Mouallem faute de garanties de la part des rebelles concernant leur sécurité. Les experts s'étaient rendus lundi à Mouadamiyat al-Cham, où ils ont effectué, selon l'ONU, une collecte "productive" de preuves. Malgré des "circonstances très difficiles", leur convoi ayant essuyé des tirs, les experts ont pu "visiter deux hôpitaux et parler à des témoins, des survivants et des médecins" et "recueillir des échantillons", a indiqué le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Alors que de hauts responsables militaires de pays occidentaux et de la région étaient réunis à Amman pour une deuxième journée de discussions au sujet "des scénarios" possibles sur la Syrie, un haut responsable jordanien a affirmé que son pays ne serait pas une "rampe de lancement" pour une intervention militaire. La veille, l'Irak s'était dit opposé à l'utilisation de son espace aérien ou de son territoire. La Ligue arabe devait se réunir mardi au Caire au sujet de la Syrie. Face à cette escalade, les Bourses du Golfe étaient en forte baisse mardi, l'indice de Dubaï perdant 7,01% et celui du Koweït 6,05%.