Les 11 femmes artistes qui composent le groupe Lemma que dirige Souad Asla dont le 1er album est sorti hier, ont donné un concert ce samedi alors que le public les attend ce soir à la salle Ibn Zeydoun à Riadh El Feth ( Alger). Sorti hier, le nouvel album «Lemma» de Souad Asla comporte 16 titres, sublimement interprétés par 11 femmes d'exception. Premier disque dédié au patrimoine musical féminin de la Saoura, «Lemma» est sorti hier en Algérie et a été suivi d'un premier concert, dédié aux professionnels. Aujourd'hui, un second concert sera donné au grand public, à 19h00 à la salle Ibn Zeydoun de l'office Riadh El Feth, à Alger. Présenté dans une pochette conçue par l'artiste Pop'art «El Moustach», l'album est édité chez Ostowana et produit par l'Office national des droits d'auteurs et droits voisins (ONDA). Se voulant un recueil des musiques populaires de cette région du sud-ouest algérien, Lemma réunit onze chanteuses et musiciennes, dont Hasna El Becharia, la doyenne Hadja Zaza ((Zahra Kherabi), Aziza Tahri, Rabéa Boughazi, Fatma Abbi, Khadidja Anebi, Zahoua Boulali, Mabrouka Brik et les sœurs Cheddad, Sabrina et Ismahane. Pour réaliser ce projet ambitieux et essentiel, Souad Asla, a dû convaincre les pères, les frères et les époux de ces femmes de l'importance de ce projet, et d'emmener ces femmes à Alger pour enregistrer cet album. Le projet date déjà de 2015, lorsque Souad Asla avait organisé trois résidences de création à Taghit dans le but de rassembler les chants et musiques traditionnels transmis oralement, et menacés de disparition... Instruments traditionnels Dans sa globalité, cet opus, comprend les variantes féminines des genres Tawassoul, un dérivé local du chant et musique Melhoun, du Zefani, chants propres aux femmes de la Saoura, du Diwane, de la Hadra et du Haidouss répartis à travers plusieurs morceaux avec une instrumentation traditionnelle dont le goumbri joué uniquement par Hasna Al Bacharia, et servi par de véritable artistes qui composent cet ensemble musical. La première partie de cet album comporte Sidi Moulana et Mâachouk Nbi, deux morceaux du genre Ferda dans sa version féminine. On y découvre une Ferda basée sur les mêmes rythmes et poèmes que ceux du célèbre groupe éponyme mais avec une touche d'authenticité plus marquée. Dans cette version, les musiciennes ont adopté la Ferda et le Mehraz comme seuls instruments ainsi que le chant en chœur pour l'interprétation. Dans un esprit plus festif, Zohra Kherabi, Rabea Boughazi ou encore Mabrouka Brik proposent des morceaux Zefani, style très répandu dans les fêtes populaires, à l'image de El Hadjadj porté par une importante section de percussions. Pour sa part, Souad Asla prête sa voix pour exécuter des morceaux du genre Melhoun, très proches du châabi, avec une mélodie portée par le banjo, joué par Hasna, et coupée par des séquences de déclamations lyriques comme dans Slat El Fdjer et Zine Lemma. Souad Asla révèle, dans ce registre, un véritable potentiel pour l'interprétation du qcid. Héritière de la tradition gnawa, la chanteuse fait en plus découvrir au public de nouvelles poésies propres à la région de la Saoura. Chant Soufi Jouant du Bendir, la troupe Lemma interprète, pour la première fois, des morceaux de Haydous féminin, un genre musical partagé avec le sud-est du Maroc. Au contraire de sa variante masculine, celui-ci se distingue par la présence d'une chanteuse soliste, comme dans le chant des meddahate, et par une instrumentation moins puissante. Hasna El Becharia prête, aussi, son goumbri et sa voix rocailleuse pour interpréter deux morceaux de diwan, Ali et Sidi Mimoun, légèrement revisités et en y ajoutant des percussions. Et c'est avec des percussions plus puissantes, incluant des Tbel, que Lemma Becharia clôt l'album en exécutant trois extraits de la Hadra féminine, des louanges à Dieu et au prophète de l'islam propres au rituel soufi, chantés dans différentes fêtes populaires, religieuses et autres occasions familiales dans les oasis de la région.