La population de Béni-Mançour, dans la commune de Boudjellil, devra encore patienter pour voir la localité raccordée enfin au réseau de gaz naturel. Et pour cause, les promesses faites par les autorités, il y a deux mois, pour sa mise en service durant cet hiver n'ont pas été tenues. C'est vers mi-novembre que les autorités, à leur tête le wali, dans le sillage du dégel de l'opposition de la population de Souk Letnine au passage du gazoduc sur leurs terrains, ont informé les habitants des communes où les projets étaient à l'arrêt, de la reprise des travaux. L'entreprise qui a abandonné le chantier voilà des années s'est manifestée à cette occasion, attribuant des numéros aux foyers qui devaient en principe bénéficier de détendeurs dont l'attente du raccordement définitif au réseau déjà réalisé. Passée l'euphorie de la promesse ponctuée par la distribution d'une vingtaine détendeurs, l'entreprise a plié bagages pour ne plus donner signe de vie. «Il y a rupture de stock de détendeurs au niveau de la Sonelgaz» révèle le responsable d'une entreprise chargée de travaux similaires du côté de Barbacha. Ceci alors que les responsables de la Sonelgaz ont fait savoir publiquement, au début de la reprise de l'opération, par le biais de sa chargée de communication que les détendeurs étaient disponibles. Beaucoup d'habitants, en apprenant la reprise des travaux, se sont lancés dans des travaux onéreux d'installation interne, au point de devoir prendre rendez-vous auprès des artisans plombiers de la région. «J'ai pris un congé sans solde pour faire poser l'installation de ma maison, sans compter que j'ai dû contracter un prêt pour faire face à cette dépense imprévue dans mon budget, alors que la reprise du chantier de raccordement n'est qu'un leurre» regrette un habitant. Beaucoup d'habitants pensent que l'annonce par les autorités de la reprise des travaux de ce chantier en souffrance depuis 2013, et le passage de l'entreprise pour le recensement des foyers, ne sont en fait qu'une duperie destinée à calmer les populations qui n'ont pas manqué leur impatience quant au retard de livraison de ce projet. «Il y a bien tromperie» accuse-t-on. «Accablées par le retard constaté dans la pénétration du gaz naturel à travers la wilaya, malgré les promesses faites par les plus hauts responsables du secteur de l'énergie de passage à Béjaia, les autorités n'ont pas trouvé mieux pour calmer les esprits que de donner des engagements vite démentis sur le terrain» soutient un habitant du village. Les responsables mettent, à chacune de leur sortie, le faible taux de pénétration du gaz naturel, qui peine à décoller au dessus des 40%, sur le dos des oppositions citoyennes. Pourtant, la réalité est tout autre, mais s'il y a une petite once de vérité dans leurs affirmations. La preuve, est que beaucoup de chantiers de raccordement au réseau de gaz de ville sont à l'arrêt à travers les communes de la wilaya. La cellule de communication de la wilaya avance le chiffre de 28 communes sur 52 qui bénéficient du gaz naturel, alors qu'en réalité sur ces chanceuses communes, seuls les chefs-lieux sont raccordés. Ce que les autorités s'entêtent à cacher c'est le gel de nombreux projets de développement, y compris ceux relevant du secteur de l'énergie comme le gaz de ville. La crise financière a rattrapé, en effet, tous les grands chantiers de la wilaya.