Entamée le 14 novembre 2017, la grève des médecins résidents est en passe de boucler son troisième mois, en l'absence de tout espoir de dénouement dans le bras de fer qui les oppose au ministère de la Santé. Une période difficile à rattraper sur le plan de la formation de ces futurs médecins-spécialistes, de l'avis des présidents des Conseils nationaux pédagogiques de spécialité (CPNS). Selon des sources bien informées, les professeurs ne voient pas de solutions, autres que de déclarer l'année blanche. Ils l'ont fait savoir lors d'une réunion tenue, jeudi dernier autour du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar. «La majorité des présidents de CPNS ont voté pour l'année blanche», affirme nos sources qui doutent fort que cette décision option soit la dernière qui reste pour mettre fin à cet interminable feuilleton. En effet, depuis trois mois, aucune activité pédagogique, ni colloque, ni étude de cas clinique n'ont été assurés par les professeurs qui ne voient pas comment évaluer leurs étudiants pour valider le passage au grade supérieur. Une situation inédite face à laquelle on ne trouve pas beaucoup d'options. Cependant, selon nos sources, la décision définitive concernant la proposition des chefs de service présidents des CPNS, ne sera pas prise dans la précipitation. Le ministre de l'Enseignement supérieur préfère encore patienter, le temps d'accorder une dernière chance à son collègue du département de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, afin de trouver un terrain d'entente avec les représentants des médecins résidents. Tahar Hadjar aura donc demandé à tous les présidents des Conseils pédagogiques de spécialités de temporiser «jusqu'au 15 février» quand le mouvement aura consommé ses trois mois de grève. Le seul obstacle est le fait que les résidents actuellement en fin de cycle qui ont boycotté l'examen de DEMS (Diplôme d'études médicales spécialisées), maintiennent leur adhésion à la protesta et sont décidés de ne pas passer ce test même en cas de programmation d'une deuxième session. En d'autres termes, «il n'y aura pas de nouveaux spécialistes à affecter l'année prochaine dans le cadre du service civil», selon nos sources qui ajoutent que les pouvoirs publics peuvent gagner quatre mois sur l'année prochaine «en réquisitionnant, selon la loi, les spécialistes actuellement en poste pour une durée de deux mois, renouvelable une seule fois». Et si l'on considère que le service civil se termine généralement vers le mois de mai, les hôpitaux n'auront pas de nouveaux médecins-spécialistes entre octobre 2018 et mais 2019. Une situation inédite dans le secteur de la santé qui vit des moments très difficiles. Le drame dans cette histoire c'est que même les médecins résidents ne se soucient pas de l'année blanche qui pèse lourdement sur leur formation et carrière. Les représentants du Camra, l'ont à maintes fois déclaré à travers la presse, affichant la détermination de la base à aller jusqu'au bout du mouvement, quitte à démissionner ou à se sacrifier pendant une année. Ce qui a, en quelque sorte, encouragé la majorité des présidents de CPNS à voter pour l'option de l'année blanche lors de leur réunion avec Tahar Hadjar. Sur le terrain, alors que le dialogue avec le ministère de la Santé demeure au point mort, les résidents organiseront aujourd'hui une autre action pacifique au niveau de la capitale. Ce qui se traduira sûrement en un rassemblement à l'intérieur du CHU Mustapha-Pacha, d'autant plus que les manifestations sont interdites à Alger. Le Camra qui a dénoncé les ponctions sur salaires, qualifiées d'«injustes» compte introduire une action en justice contre le ministère de la Santé.