«Même si le nombre de décès a atteint les six personnes et les services de santé enregistré plus de 3000 cas, particulièrement dans le Sud, suite à la propagation de l'épidémie de rougeole, nous rassurons tous les citoyens que la situation est maîtrisable et contrôlable. La vaccination reste la seule solution efficace pour le moment». C'est ce qu'a indiqué, hier, le professeur Abdelkrim Soukehal, chef du service d'épidémiologie à l'hôpital de Béni Messous, lors de son passage au forum d'El Moudjahid. Il a précisé que «la situation est maîtrisée sur tout le territoire national et la propagation du virus de la rougeole qui a atteint les 3000 cas n'est pas la première enregistrée en Algérie. En 2013, nous avons enregistré plus de 15 000 cas. Il faut savoir que le vaccin combiné (ROR) que nous administrons aux enfants depuis le nouveau calendrier de vaccination introduit en Algérie en 2015 est efficace et certifié par l'OMS». Concernant la cause directe qui fait augmenter les cas de rougeole, il juge que «c'est la faute à la non réussite de la campagne de vaccination en milieu scolaire». Et d'ajouter que «la campagne de vaccination en riposte à la poussée de l'épidémie a permis de vacciner jusqu'au 12 mars quelque 142 915 personnes à El Oued et 71 918 autres à Ouargla». Une maladie ordinaire Concernant les «jugements» avancés par certaines personnes et dans les médias, considérant que la propagation de la rougeole est due à la non-efficacité du vaccin administré ou que c'est une affaire politisée par d'autres, l'intervenant a nié tout cela. «Je réponds à tous ceux qui veulent créer une polémique et politiser la propagation de la rougeole que celle-ci est une maladie ordinaire qui peut toucher n'importe quel pays. C'est une affaire purement médicale», a précisé, en marge de la rencontre d'hier, le professeur Soukehal. Selon lui, dire que le vaccin utilisé en Algérie est périmé est faux, car tous les vaccins utilisés sont certifiés par l'OMS et bien contrôlés durant toute l'année par l'institut pasteur d'Algérie. Quant à la probabilité de la transmission du virus de la rougeole par le biais des migrants, l'orateur précise : «pour le moment l'enquête entamée par l'institut pasteur et également par le comité d'experts sur place à El Oued et à Ouargla n'a pas encore tranché sur la provenance du virus de la rougeole. Mais ce qui est sûr, c'est que la réticence des parents qui a fait échouer la campagne de vaccination reste la cause essentielle de la propagation de la maladie», a-t-il dit. L'intervenant a d'autre part tenu à définir la rougeole en disant que c'est une maladie éruptive due un paramyxovirus (genre de morbillivirus) où la contamination se fait d'une manière interhumaine. «Elle se fait par voie aérienne ; la phase éruptive se fait quatre jours après la contamination. Pour ce qui est de la contagiosité, elle se propage automatiquement pour 10 à 20 personnes», explique-t-il. Pour ce qui est des complications, elle provoque soit des surinfections bactériennes qui est une otite moyenne aiguë de laryngite ou de pneumopathie bactérienne, qui cause 60% des décès. Selon lui, Il pourrait y avoir aussi une complication neurologique qui provoquera par la suite soit une encéphalite aiguë post-éruptive dans une durée de 5 jours, ou bien une encéphalite à inclusion immunodéprimé entre 2 et 6 mois, une encéphalite sclérosante subaiguë chez les enfants de 8 ans. Pour le Pr Soukehal, la vaccination permet de combattre et d'éliminer les maladies infectieuses potentiellement mortelles où 2 à 3 millions de décès par an sont évités. Même les pays développés ne sont pas à l'abri le Pr Soukhal a cité à titre d'exemple la France et le japon pour expliquer que nul n'est à l'abri. «Plus de 10 500 cas ont été enregistrés en France depuis 2008, où l'augmentation des cas chez l'enfant a été multipliée par trois, soit 50 cas pour 100 000 habitants et par 5 chez l'adulte qui représente 15 pour 100 000 habitants» a affirmé M. Soukhal. «En 2012, la France a connu une période d'épidémie de rougeole inquiétante qui était due à l'accumulation d'adultes susceptibles. Cette situation a sollicité les autorités sanitaires françaises de mettre en place une couverture vaccinale de 95% en deux doses successives afin d'arrêter la transmission du virus de la rougeole», ajoute-t-il. Idem pour le Japon, où le taux de propagation de la rougeole a été très élevé durant les années 2007 et 2008. Il conclut que pour le cas de l'Algérie, la modification du calendrier vaccinal en 2015 en introduisant le vaccin (ROR) ne doit pas être seulement considérée comme une réponse à une situation épidémiologique, mais les connaissances avérées des situations de crise doivent être prises en considération. Pour lui, l'adhésion à la vaccination doit être totale pour mettre fin à la transmission de la rougeole.