Face au «monopole» de certains bureaux d'études sur les marchés publics, le département de l'Habitat est déterminé à y mettre fin et à favoriser les compétences des jeunes architectes. C'est à l'occasion d'une journée d'étude organisée au Palais de la Culture Moufidi Zakaria sous le thème «Oeuvres de Fernand Pouillon en Algérie, identité architecturale», organisée ce dimanche, que Abdelwahid Temmar, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, a insisté sur la nécessité et la détermination de son département «à mettre fin au monopole exercé par certains bureaux d'études sur la demande publique» et à favoriser les compétences des jeunes architectes. Le ministre a défendu «le principe d'égalité dans l'obtention des projets pour les différentes catégories des architectes», en ayant pour objectif d'encourager l'innovation et la modernisation, tout en préservant l'identité architecturale algérienne. Participant à cette journée d'étude, de nombreux architectes ont mis l'accent sur la nature «rédhibitoire» et «exclusive» des cahiers des charges, les écartant de fait de la possibilité de décrocher des marchés publics. Il faut rappeler que de nombreux projets ont été lancés dans le secteur de l'habitat, sans oublier celui qui est en cours, le projet du logement promotionnel aidé (LPA) et qui prévoit la réalisation de 70.000 unités, soit environ 2000 unités par wilaya. D'ailleurs, M.Temmar a révélé «l'existence d'une domination de certains bureaux d'études sur un grand nombre de projets urbanistiques» notamment ceux de l'habitat, lors de l'élaboration d'un fichier national des bureaux d'études. Il signalera dans ce sens que, «durant les neuf dernières années, 36.000 logements ont été réalisés par un seul bureau d'études». Abondant dans le même sens, Mustapha Tebourtine, président du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), a soulevé l'obstacle des cahiers de charges «rédhibitoires», empêchant les architectes de décrocher des projets. Il ajoutera que les faibles moyens dont disposent les jeunes architectes les excluent de la demande publique, sans omettre de relever une anomalie. Dans ce sens, il précisera que «la loi accorde aux architectes la possibilité de s'organiser sous forme de bureaux d'études, chose qui n'est pas autorisée dans les cahiers de charges». De son côté et insistant sur «la nécessité d'assurer le contrôle permanent et le suivi de l'application et du respect des plans des projets en cours en collaboration», le responsable du département de l'habitat a invité «les architectes à l'action positive concernant l'examen du cahier de charges adéquat et à la présentation de propositions au ministère en vue de les étudier dans les plus brefs délais». Evoquant les projets de son secteur, M. Temmar s'est dit disposé à travailler en toute «transparence» et à appliquer le principe «d'égalité des chances» entre les bureaux d'études dans la répartition des projets publics. «Nous disposons de projets de vente par location AADL et de projets promotionnels aidés, et nous œuvrons à connaitre de plus près les bureaux d'études qui procéderont à l'élaboration de ces projets», a-t-il expliqué, insistant sur l'obligation faite aux architectes de fournir toutes les données concernant leur bureau d'études ainsi qu'un curriculum vitae (CV), une condition pour l'obtention de leur agrément. Un système de quotas Ce dernier signalera qu'il mettra en œuvre un système de quotas annuels pour favoriser la qualité du travail, qui est souvent négligée, à cause du nombre élevé de projets. Les bureaux d'études se verront dans l'obligation de fournir un plan d'action d'une année, dont les architectes seront astreints à respecter leurs engagements – en termes de conception architecturale- lors de l'obtention du permis de construire. Au vu de l'anarchie régnant dans les modèles d'urbanisation à travers tout le pays, M. Temmar a insisté sur l'importance de préserver le mode urbanistique de chaque wilaya. «L'architecte doit être efficace dans le domaine urbanistique. Il devrait aussi bénéficier des expertises réalisant les grands projets à l'instar de la Grande mosquée», a-t-il ajouté. «Beaucoup de travail nous attend, nous avons perdu nos squares et la beauté de nos villes, dorénavant nous devons coordonner avec les architectes et revoir le type d'architecture, d'urbanisme et de gestion des villes», a-t-il reconnu. Enfin, les intervenants dans le domaine ont participé à des ateliers, dont les recommandations seront prises en considération par la tutelle. Un engagement qu'a pris le ministre de l'Habitat auprès des participants.