Le premier long métrage de la jeune réalisatrice algérienne Yasmine Chouikh «Jusqu'à la fin du temps» a fait sensation au sein du public, lors de sa projection en avant-première dans la soirée de lundi à la salle de cinéma El Mougar. Le récit du film se déroule dans le mausolée et le cimetière «Boulekbour». La réalisatrice a eu l'audace de porter sa caméra dans un endroit réputé «sacré» et aborder des sujets délicats. Un endroit complètement imprévisible pour faire vibrer le cœur d'un vieux fossoyeur, Ali, (Boudjemaâ Djillali) sur une vieille femme Joher (Djamila Arres), venue se recueillir pour la première fois sur la tombe de sa sœur. Deux être humains en fin de vie qui attendent leur dernier voyage dans l'au-delà, mais que le plus noble des sentiments surprend dans leur pénible routine. Seulement voilà, le scénario peut paraître quelques fois pauvre, et manque de consistance dans la trame générale du film. Mais la réalisatrice a su combler ce déficit, tant bien que mal, par des vannes du terroir que, parfois malheureusement, le spectateur peut deviner avant même le déroulement de la scène. Yasmine Chouikh à l'ambition de dénoncer, dans son film, «le conservatisme rigide», mais dans le mausolée de «Sidi Boulekbour», le décolleté sensationnel de Nassima (Imen Noel) trouve une place sans conteste, et la célébration de son mariage au sein même du mausolée avec Jelloul (Mohammed Takiret), n'a rencontré aucune animosité de la part des tenants des lieux. La réalisatrice veut pointer du doigt aussi «le capitalisme rampant» à travers le personnage de Nabil (Mehdi Moulay) qui veut monter son business en voulant installer une société de pompes funèbres dans le mausolée. Mais le but ne semble pas totalement atteint dans la mesure où le personnage est montré dans la majorité des scènes dans une posture comique légère. Ce qui n'est pas le cas du capitalisme... Quelques scènes prêtent également à confusion, telle celle de la femme dépressive venue se recueillir, en compagnie de ses deux petites filles, sur la tombe de son mari. Le spectateur ne sait plus si c'est une scène dramatique vu l'endroit et la conjoncture, ou rire de son discours délirant de femme malade. Ce qui provoque parfois une confusion et désoriente le spectateur sur l'intention de l'auteur. Sur le plan technique, le film est une belle réussite. Yasmine Chouikh a su manier sa caméra, de manière assez brillante, comme elle l'avait prouvé dans ses deux précédents court-métrages «El Bab» en 2006 et «El Djinn» en 2010. A cela, il faut ajouter le magnifique jeu des acteurs du film. Boudjemaâ Djillali qui a interprété le rôle du creuseurs de tombes a fait montre d'un magnifique jeu auprès de Djamila Arres. Le couple a donné une belle consistance à leurs rôles respectifs. A noter que ce long métrage sera distribué dans les salles algériennes par l'Office national de la Culture et de l'information (ONCI) à partir de la semaine prochaine. Les cinéphiles et fans du cinéma algériens auront enfin l'opportunité de découvrir des œuvres des cinéastes algériens dans le réseau de salle de l'ONCI, composé actuellement approximativement d'une quinzaine de salles.