Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est arrivé, hier en fin d'après-midi, à Kigali (Rwanda) pour représenter le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au sommet extraordinaire de l'Union africaine qui sera consacré au lancement officiel de la zone de libre échange continentale. Ouyahia est accompagné du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et du ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi. Le sommet extraordinaire de Kigali, qui a été convoqué par le chef d'Etat rwandais, Paul Kagamé, président en exercice de l'UA, devrait être sanctionné par la signature d'un accord sur la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) et d'un protocole sur la libre circulation des personnes et le passeport africain. La zone de libre-échange doit inclure le marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), la communauté d'Afrique de l'Est (CAE), la communauté de développement d'Afrique australe (SADC), la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb arabe et la communauté des Etats sahélo-sahariens. Ce projet constitue l'un des axes prioritaires de l'Agenda 2063 de l'UA, qui avait tracé une nouvelle vision du développement du continent sur les cinq prochaines décennies en s'appuyant sur une croissance inclusive et un développement durable. L'Agenda se fixe pour objectif notamment de bâtir «une agriculture moderne pour une production, une productivité et une valeur ajoutée plus grandes, contribuant à la prospérité nationale et à la sécurité alimentaire collective de l'Afrique», estimant que l'économie africaine devrait «contribuer grandement» à la transformation et à la croissance du continent à travers la valorisation de plusieurs secteurs et domaines d'activité, de même que l'exploitation de nouvelles ressources. D'ici 2063, les pays africains ambitionnent d'être «parmi les plus performants, en termes de mesures de la qualité de vie dans le monde grâce à des stratégies de croissance inclusive, la création d'emplois, l'augmentation de la production agricole, des investissements dans la science, la technologie, la recherche et l'innovation, ainsi que la fourniture de services de base». A cet égard, la présidente du Conseil des représentants permanents de l'UA (CRP) a indiqué, lors de la réunion de cette institution, en préparation au sommet de Kigali, que la mise en place de la zone de libre échange constitue une «priorité essentielle» pour l'Organisation panafricaine. Il s'agit, a-t-elle expliqué, d'un «projet phare» de l'Agenda 2063 visant à «assurer l'intégration, la paix et la prospérité» du continent. De son côté, le commissaire de l'UA en charge du Commerce et de l'Industrie, Albert Muchanga, a estimé que «l'industrie naissante africaine et sa classe moyenne vont bénéficier de l'élimination progressive des droits de douane entre membres de la zone de libre échange», faisant observer que «seulement 16% du commerce des pays africains s'effectue actuellement avec d'autres pays du continent» et que «si nous enlevons les droits de douane d'ici 2022, le niveau de commerce intra-africain aura augmenté de 60%, ce qui est très significatif».