La question de l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste en Algérie continue de susciter les intérêts des uns et les appréhensions des autres. De notre envoyé spécial à Oran Hafid Mesbah Après les manifestations, notamment à In Salah, dénonçant le recours à cette énergie non conventionnelle et potentiellement dangereuse pour toute forme de vie sur et sous terre, les autorités officielles et une partie de la communauté scientifique et professionnelle est venue rassurer les populations locales en leur donnant des garanties que toutes les mesures nécessaires seront prises avant de commencer à exploiter cette énergie nouvellement mise au jour. Lors de son intervention à l'occasion de l'inauguration, hier, à Oran de la 8e édition du Salon international des industries pétrolière et gazière de l'Afrique du Nord (NAPEC), le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a rassuré que «pour exploiter cette ressource, nous avançons à pas mesurés». Se montrant attentif vis-à-vis des habitants du sud du pays, le membre du gouvernement a expliqué la procédure tracée pour aller vers le schiste. «Nous prospectons. Nous examinons également les conditions de développement de cette filière en termes de technologie, de rentabilité, mais surtout de protection de l'environnement et des populations». Pour ce faire, a-t-il ajouté, «nous déterminerons le mode d'exploitation avant le processus de production, ceci en mettant un accent particulier sur l'économie de l'eau et dans le respect rigoureux des règles de l'environnement et de protection stricte des aquifères». Interrogé pour avancer une échéance à l'exploitation de cette ressource, Guitouni a estimé que «cela n'interviendra pas avant 10 ou15ans». S'exprimant sur la valorisation des hydrocarbures, le P-dg de l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), Arezki Hocini, a fait savoir que pour une meilleure connaissance du potentiel de notre sous-sol, ALNAFT a lancé plusieurs études, dont deux ont déjà démarré, et l'une d'entre elles concerne «l'évaluation du potentiel pétrolier associé aux niveaux ‘roches mères et aux réservoirs compacts des bassins sahariens». En fait, selon les estimations de bureaux d'études internationaux, l'Algérie renferme la troisième réserve mondiale en termes de gaz et pétrole de schiste. Révision de la loi sur les hydrocarbures Evoquant la loi sur les hydrocarbures, le ministre a promis que la première mouture du texte sera connue en juillet prochain.Toujours au sujet des textes régissant le secteur des hydrocarbures, lesquels sont souvent décriés par les compagnies partenaires de Sonatrach, le membre du gouvernement a fait savoir qu'«il est aujourd'hui indispensable de réviser notre arsenal juridique et fiscal. Il est tout autant impératif de lever toutes les autres contraintes bureaucratiques qui étouffent aujourd'hui toute velléité d'investissement». En parlant de l'arsenal juridique et fiscal, le ministre fait évidement référence à la loi sur les hydrocarbures, dont l'Algérie a entamé la révision afin d'en faire un texte plus attractif qui attire les investisseurs étrangers. Octobre dernier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait annoncé l'intention de son pays d'amender la loi sur les hydrocarbures dans le but d'attirer les investisseurs étrangers dans le domaine gazier et pétrolier. Dans ce sens, M. Ouyahia avait appelé à «réviser la loi sur les hydrocarbures car le secteur connaît de grands changements dans le monde obligeant l'Algérie à se mettre au diapason». En 2006, le Parlement avait adopté une loi instaurant une taxe exceptionnelle sur les profits (TEP) réalisés par les sociétés étrangères activant en Algérie dans le domaine des hydrocarbures dès que les prix du baril du Brent dépassent les 30 dollars. Une décision qui n'a pas été du goût des entreprises présentes dans le pays, lesquelles sont depuis prudentes lorsqu'il s'agit d'investir dans l'amont ou l'aval des hydrocarbures en Algérie. Le chef de l'exécutif avait fait remarquer que nombre d'investisseurs étrangers intéressés par le secteur des hydrocarbures se sont présentés à des appels d'offres mais se sont retirés, trouvant que la loi actuelle sur les hydrocarbures n'accorde pas les facilités souhaitées. Mi-novembre dernier, le conseiller du P-dg de Sonatrach, Mahieddine Taleb, avait révélé que «c'est presque toute la fiscalité qui est à revoir». S'exprimant sur le sujet à l'occasion du salon NAPEC, le P-dg d'ALNAFT a souligné que «le projet de refonte de la loi sur les hydrocarbures, en cours d'élaboration, est très attendu, car il viendra accélérer la relance de l'activité et de l'investissement sur le domaine minier algérien des hydrocarbures». Sonatrach : 33 découvertes en 2017 Dans le cadre des contrats de recherche et d'exploitation conclus entre le groupe pétrolier Sonatrach et l'agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), un total de 33 découvertes d'hydrocarbures ont été réalisées durant l'année 2017, a annoncé hier à Oran Arezki Hocini, PDG de cette agence. En comparaison à l'année 2016, le chiffre est pratiquement le même. Car selon une étude de l'Institut français de relations internationales (IFRI), rendue publique fin septembre 2017, Sonatrach a mis au jour en effort propre de 32 des 33 découvertes de ressources d'hydrocarbures en 2016. S'exprimant à l'occasion de l'inauguration hier à Oran de la 8e édition du salon international des industries pétrolière et gazière de l'Afrique du Nord (NAPEC), le PDG d'Alnaft a indiqué que l'agence compte également lancer plusieurs autres opérations dans le cadre de son plan de valorisation des ressources en hydrocarbures, dont l'évaluation et le développement, en volume, des 270 découvertes réalisées durant les 10 dernières années.