Il est temps de tirer la sonnette d'alarme sur l'état de l'environnement dans la wilaya de Boumerdès. Tout ce que l'on peut retenir, actuellement, est que l'environnement est agressée dans cette partie du pays qui aurait dû profiter de sa position géographique et ses potentialités en vue de se développer d'avantageusement. Rien n'est épargné, en fait. Les décharges sauvages sont partout et poussent comme des champignons. Elles poussent surtout sur les accotements des routes principales et secondaires à travers toutes les localités de la région. Que ce soit sur la RN68, RN 24, RN29 ou CW 151, ces décharges pullulent à un rythme rapide. Les automobilistes doivent faire preuve de vigilance lorsqu'ils garent leurs véhicules pour une cause ou une autre au niveau des bordures des routes. Faute d'immondices, il est quasiment impossible de garer pour réparer une panne ou changer un pneu de véhicule. Verres, bouteilles brisées et autres détritus jetés par des buveurs «clandestins» gênent les usagers de la route. Récemment, des habitants de Timezrite et d'Aït Messouad, ont organisé une action de volontariat au niveau de Taawint Tassemate, devenue une grande décharge sauvage. Ils ont relevé le défi et nettoyé l'endroit et assuré une garde pour interdire le jet d'ordures. L'action, réussie, a été saluée par tout le monde, mais cela ne suffit pas selon certains volontaires. «Certes, nous avons mobilisé des gens autour de notre action et relevé le défi de déraciner cette décharge sauvage. Mais cela reste insuffisant devant l'agression de l'homme contre son environnement. Les autorités du pays doivent se pencher sérieusement sur les questions environnementales à travers l'implantation d'infrastructures solides et fiable pour faire face à la dégradation de l'environnement. Aussi, il est utile de préciser que le civisme des citoyens joue un grand rôle dans la préservation de l'environnement», nous dira l'un des volontaires. L'absence des autorités locales est souvent pointée de doigts. Rares sont les communes qui sont dotées de décharges publiques contrôlées et digne de ce nom et ne sont pas entretenus. A Bordj Ménaïel, les autorités font face à un grand problème environnemental en raison de la saturation de la décharge Vachet, idem pour les Issers où des citoyens ont manifesté à plusieurs reprises contre la décharge se trouvant sur le CW 151. Des projets de réalisation de décharges contrôlées sont à l'arrêt en raison des oppositions de citoyens qui réclament l'implantation d'usines pour en finir avec le chômage. Dans certains localités, les moyens de collette d'ordures sont faibles et les éboueurs sont comptés sur les doigts d'une main. C'est la saturation. Conséquences ; les décharges sauvages se multiplient. Chaque matinée, des dizaines de camions bennes tasseuses se dirigent vers le CET de Corso pour vider les ordures collectés dans les villes et quartiers. la capacité de CET est limitée surtout lorsqu'on sait que sa réalisation était pour vider la capitale de ses ordures. Lors de sa mise en fonction, le CET en question recevait des décharges en provenance de la moitie des communes d'Alger et quelques localités de Boumerdès. Le projet de réalisation d'un autre CET à Zaâtra dans la commune de Zemmouri, pourrait ne pas résoudre le problème de l'insalubrité auquel fait face plusieurs localités. La pollution gagne l'espace marin D'ailleurs, sa mise en fonction a tardé beaucoup. La dégradation de l'environnement touche, désormais, la mer et les espaces hydriques de la wilaya. Des pêcheurs sur le littoral de Boumerdès craignent le pire à l'avenir en raison de la pollution des mers. Certains d'entre eux expliquent la chute de la production halieutique par la pollution de la mer. Plusieurs jets d'eaux usées sont visibles dans les plages de Boumerdès, Figuier, Corso, Zemmouri, Cap Djenat et Dellys. Le CET de Corso jette ses déchets dans la mer, selon un militant environnemental de la région. Les oueds et ruisseaux sont dévastés par les ordures en tous genres jetés quotidiennement. L'oued Isser est totalement pollué par les eaux usées, les restes de poulaillers. L'oued Sébaou encore est menacé par la prolifération de la pollution menaçant ainsi la santé des populations alimentées en eaux potables depuis des forages de cet oued et par l'irrigation des terres agricoles de la région. Egalement, ces oueds déversent leur contingent dans la mer. La production halieutique a chuté drastiquement dans la région. Elle est estimée à 5504 tonnes alors qu'en 2006 la production dépassait les 17000 tonnes. Le manque d'associations s'intéressant à l'environnement constitue également un sérieux obstacle pour sa protection. Les actions de sensibilisation pour la sauvegarde de l'environnement sont souvent issues des autorités publiques. Rares sont celles organisées par le mouvement citoyen. On dénombre une vingtaine d'associations de préservation de l'environnement dans la région. «Elles disparaissent rapidement faute d'imagination et d'engagements de militants», nous dira Sofiane, étudiant à l'université de Boumerdès.