Alors que les Algériens fêteront le mois de juillet prochain le 56e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, les séquelles du colonisateur français n'en finissent pas de faire parler d'elles, et ce, dans la chair des Algériens. Les mines antipersonnel françaises datant de l'ère coloniale ont fait environ 7500 victimes de 1956 à 2107. La dernière victime recensée est un enfant, Belhadi Réda, décédé l'an dernier. En effet, le président de l'Association algérienne des victimes des mines, Mohamed Djouadi, a déclaré hier que «7500 algériens ont été victimes de mines antipersonnel françaises datant de l'ère coloniale», selon le plus récent bilan du ministère des Moudjahidine, pointant du doigt les séquelles physiques et psychiques de ces mines. A l'occasion de la Journée mondiale des victimes des mines antipersonnel célébrée chaque 4 avril, et en collaboration avec l'association Machâal Echahid, Mohamed Djouadi a précisé que l'ANP a détruit plus de 11 millions de mines, soit la totalité de ces engins explosifs. M. Djouadi a déclaré que «de 1956 à 2017, nous avons recensé 7500 victimes, entre morts et blessés, des mines antipersonnel disséminées par l'armée coloniale française sur le sol algérien, durant la guerre de libération nationale». L'an dernier, trois explosions de mines antipersonnel à Tébessa et Sidi Bel Abbès ont causé la mort de deux personnes, les rescapés, eux, gardent des séquelles, soit des handicaps physiques à hauteur de 20 à 100%. L'intervenant a précisé que même si l'ANP a détruit plus de 11 millions de mines, «la France continue de faire des victimes et des dégâts mais l'Algérie ne fera pas marche arrière», soulignant que les victimes ont besoin d'«une meilleure prise en charge de la part de l'Etat, certaines vivant dans la misère». Profitant de l'occasion pour rendre hommage aux forces de l'ANP, le président de l'Association algérienne des victimes des mines dira : «Le mouvement associatif impliqué doit unifier ses forces et réunir des moyens financiers pour prendre un avocat et demander à la France d'assumer de verser des indemnités». De son côté, Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) a appelé les victimes de ces mines à interpeller les organisations internationales quant à la responsabilité de la France, tout en regrettant l'impact néfaste de ces mines sur les terres agricoles au niveau des frontières Est et Ouest du pays. Pour rappel, l'armée française avait miné les frontières Est et Ouest de l'Algérie pour l'isoler et limiter les renforts provenant du Maroc et de la Tunisie. Deux lignes de barbelés électrifiés et minés sur 700 km le long de la frontière marocaine et sur 460 km le long de la frontière tunisienne avec environ onze millions de mines anti-personnel disséminées. Appelées la ligne Challe et Morice, cette zone a fait de nombreux morts durant la guerre de libération parmi les membres de l'ALN. En hommage aux victimes des mines antipersonnel, l'association Machâal Echahid a honoré la famille de l'enfant Belhadi Réda, dernière victime morte en 2017 à Bir El Ater à Tébessa et la famille du peintre M'hamed Issiakhem, qui avait perdu dans les années 30 un bras suite à l'explosion d'une mine. Machâal Echahid a décerné deux distinctions honorifiques au Vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, et à l'ensemble des éléments de l'ANP en reconnaissance aux efforts consentis par l'ANP pour le déminage du sol algérien. En 2017, le Prix Nobel de la Paix 1997, l'Américaine Jody Williams, présidente de la Campagne Internationale pour l'élimination des mines antipersonnel, avait rendu un vibrant hommage à l'Algérie pour son engagement et son action dans la lutte contre les mines antipersonnel, soulignant que «l'expérience algérienne dans ce domaine devrait servir d'exemple à tous les pays de la région et du monde».