Les mines antipersonnel implantées par l'administration coloniale française en Algérie continuent de faire des victimes et de causer de graves blessures aux populations situées proches des lignes Challe et Morice. Depuis l'Indépendance, près de 7 000 personnes ont été touchées par ces mines dont 3 255 sont décédées et plus de 3 542 handicapées, selon un bilan du ministère des Moudjahidine. Comme chaque année, le sujet est revenu, hier lors de la conférence organisée conjointement par le forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid et l'association Machaâl Echahid, sur le thème "les dangers des mines antipersonnel", à laquelle étaient présents des diplomates, notamment l'ambassadeur de Palestine, la représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et coordinatrice du système de l'ONU en Algérie, Mme Cristina Amaral, de Mme Saïda Benhabylès, directrice générale du Croissant-Rouge algérien, du P-DG d'Algérie Poste, Mohamed-Laïd Mahloul, du colonel Ghorabi, représentant du MDN et du président de l'Association des victimes des mines antipersonnel, M. Djouadi. La conférence a débuté par la projection d'un documentaire du MDN "la fin de la tragédie des lignes Challe et Morice" sur le travail minutieux des éléments de l'ANP dans les opérations de déminage au niveau des zones concernées par l'implantation des mines antipersonnel, ponctué par des témoignages poignants de citoyens ayant subi les conséquences de ce que M. Djouadi qualifie de "guerre dormante". Et c'est sur le travail de fourmi infatigablement accompli par les éléments démineurs que la représentante de l'ONU a abondé pour exprimer les félicitations de l'institution mondiale à leur endroit. "Nous félicitons l'Algérie pour, d'une part, le suivi de l'application de la convention d'Ottawa notamment ses articles 5 et 6 relatif à la destruction des mines antipersonnel dans les zones minées et, d'autre part, les efforts des éléments de l'armée dans les différentes opérations de déminage", dira dans ce sens la missionnaire onusienne avant de faire part "du soutien de l'ONU aux pays faisant face à cette tragédie, soutien qui se traduit par un programme d'appui aux populations concernées afin de réduire le nombre des victimes et de corriger les comportements à risque pour les enfants". Revenant sur la ratification par l'Algérie de la convention d'Ottawa, Mme Amaral s'est dit optimiste quant au déminage total du reste des mines d'ici 2017, argumentant que l'Algérie est dans la bonne voie sur cette question. À rappeler dans ce cadre que sur les 11 millions de mines semées par la France coloniale en Algérie, 8 millions ont été détruites entre 1962 et 1988. Durant la décennie noire, toutes les opérations de déminage ont cessé et n'ont repris qu'après 2004. Les chiffres communiqués par le MDN dans ce sens et ayant trait à la mise en œuvre de l'article 5 de la convention d'Ottawa signée en décembre 1997 et en vigueur depuis mars 1999 avancent que "les opérations de nettoyage des zones minées ou susceptibles de l'être au 27 mars 2014, le nouveau bilan des mines, de provenances diverses, neutralisées s'élève à 907 382. Un bilan qui se répartit comme suit : 727 754 mines enlevées dans le cadre des travaux de nettoyage dont 4 421 éclairantes, 159 110 mines stockées ou en dotation détruites au titre de l'article 4 de la dite convention, 1 113 mines isolées découvertes fortuitement, 379 mines découvertes hors des champs, 3 119 mines détruites sur décision judiciaire, 15 109 mines posées par l'Armée algérienne entre 1994-1995". À savoir que l'exécution du programme de déminage concerne actuellement les communes de Marsa Ben M'hidi (Tlemcen), de Tiout (Naâma), Aïn El-Kerma (El-Tarf), Morsot (Tébessa), Taoura (Souk-Ahras). À noter aussi que selon le président de l'association des victimes des mines antipersonnel, les années 2012 et 2013 n'ont heureusement pas connu de morts, et ce, grâce aux opérations de sensibilisation menées auprès des populations et dans les établissements scolaires. Comme il a tenu à rappeler les efforts méritoires menés dans la prise en charge des victimes aux plans médical et psychologique des victimes. Pour Saïda Benhabylès, la cause est non seulement humanitaire mais il s'agit également pour les victimes d'une affaire de justice et de droit. Interpelant l'ONU, elle fait savoir "qu'il est impératif que les grandes puissances anciennement colonisatrices d'exprimer leur solidarité à l'égard de ces victimes en contribuant à la création et au financement d'un fonds international sous l'égide de l'ONU destiné à la prise en charge de leur situation médicale et sociale". De son côté, le P-DG d'Algérie Poste a dédié un timbre poste aux victimes de cette tragédie. Le timbre a été signé et oblitéré par les personnalités présentes. A. F Nom Adresse email