Les Floralies d'Annaba sont devenues une tradition. Les premières remontent à avril 2013, sur le Cours de la Révolution. Depuis, et délocalisé dès la 3e édition sur le jardin public «El Houria», cet espace accueille, chaque mois d'avril, couleurs et senteurs printanières multiples. Des cactus nains d'appartement aux fougères de jardin s'ajoutent des rosiers et lierres grimpantes, à côté des roses, marguerites, gueules de loup, hortensias, orchidées, dahlias, œillets, pétunias, glaïeuls, bégonias, bougainvilliers etc.... Et même si la majorité de l'exposition est réservée aux plantes et fleurs, cela n'empêche que des artisans prennent part aussi à cette manifestation environnementale à travers l'exposition de leurs travaux dans le domaine du fer forgé pour les supports de pots de fleurs et autres, la dinanderie notamment, mais pas que... Cette année, le jardin «El Houria» prépare les stands et, en attendant l'inauguration officielle la semaine prochaine, nous avons été attirés par un stand très particulier, puisque érigé par des gardiens de prison, celle de Bouzaâroura. De bonne grâce, les dits préposés ont satisfait à notre curiosité et, nous comprenions alors le pourquoi de la nouveauté. Ainsi, et dorénavant, tout détenu intéressé par les travaux des champs, de jardinage, d'arboriculture, d'horticulture ou d'apiculture, a la possibilité de participer à ces Floralies et même d'acquérir un attestation officielle lui servant, à sa sortie de prison, de quitus pour sa réinsertion. Un bureau chargé de la prise en charge de ces détenus se trouve à Sidi Brahim, afin de les orienter pour faciliter les contacts avec les réseaux de soutien à l'emploi des jeunes. Plusieurs hectares, situés derrière l'établissement carcéral et limités à l'ouest par le cimetière de Bouzâaroura, se trouvent exploités et renferment une roseraie dont les roses de valeur sont vendues à des hôtels ou à des fleuristes. Il y a d'autre part une orangeraie riche de 300 à 400 arbres de plusieurs variétés d'oranges ainsi que 4 serres de 30 mètres de long, chacune. Plusieurs variétés de raisin forment également un petit vignoble en pleine phase de production. Les détenus ont également à s'occuper d'une quinzaine de ruches, dont le miel sera proposé à la vente lors de ces Floralies. Ainsi, nous constatons que la réinsertion des prisonniers n'est pas un vain mot, hors de leur univers clos. Les débouchés existent. Il ne reste plus à ces derniers de s'intéresser au monde de la nature, avec ses senteurs et ses couleurs, sous l'œil bienveillant de l'administration pénitentiaire.