Pour que le processus de l'officialisation de la langue amazighe aboutisse, il faut une loi organique qui « complète » la constitution et une académie de « standards universels ». C'est ce qu'a déclaré Brahim Tazaghart, écrivain, éditeur et militant de la cause berbère lors d'une conférence animée dans l'après-midi de mercredi à la maison de la culture Ali Zaâmoum de Bouira. La conférence, qui était sous le thème «Tamazight, défis d'avenir», a été organisée dans le cadre de la commémoration du 38e anniversaire du printemps berbère. «Tamazight comme langue officielle nous impose d'autres défis, notamment la mise en œuvre de l'officialisation à travers la loi organique qui doit être à la hauteur des sacrifices», a déclaré Brahim Tazaghart. La loi organique, souligne M. Tazaghart, «doit signaler que Tamazight langue officielle est une langue des institutions de l'Etat algérien et une constante nationale et une valeur inamovible». «Toute loi organique qui sera contraire à la volonté de la population sera un coup d'Etat, une tentative de complot contre tout le processus de l'officialisation de Tamazight, parce que la loi organique doit compléter la constitution», a ajouté le conférencier qui a tenu à attirer l'attention des pouvoirs publics sur cette question fondamentale. Le militant de la cause berbère estime qu'à partir de ce moment-là, «le processus de reconnaissance constitutionnelle de la langue amazighe sera définitivement clôturé». Ainsi, le conférencier insiste sur le fait que la reconnaissance de Tamazight commune langue officielle doive nous permettre aujourd'hui d'élaborer une politique nationale des langues. Aux côtés de la langue arabe et langue amazighe qu'il faut développer pour qu'elles permettent l'accès à la science et au savoir, Brahim Tazaghart appelle à ce que les langues étrangères, notamment l'anglais et le français, ne soient pas exclues de la politique nationale car «sans ces langues étrangères, indique-t-il, on ne peut pas acquérir le savoir». Pour ce qui est de l'académie de la langue berbère, le conférencier a déclaré cette institution «doit être une académie de standard universel. Car Tamazight n'est pas une langue d'indigènes. C'est l'une des anciennes langues dans le monde». De plus, selon l'écrivain, le défi de l'enseignement de Tamazight interpelle l'intelligentsia. «Il ne suffit pas de dire que Tamazight doit être généralisée sur les 48 wilayas. Mais pour qu'elle le soit, il faut des conditions objectives. Il faut planifier cette généralisation et cela passe d'abord par un état des lieux», insiste-t-il. Concernant la reconnaissance de Yennayer, premier jour de l'an amazigh, comme une fête nationale, Brahim Tazaghart le considère commune rupture avec le passé. Car, comme souligne le conférencier, le roman national commence avec l'avènement de l'islam en terre algérienne. «L'officialisation de Yennayer a replacé l'Etat algérien dans sa profondeur historique. Aujourd'hui, le défi, c'est que le roman national doit être revu. Il doit prendre en charge l'officialisation de Yennayer avec toutes les implications, essentiellement historiques, civilisationnelles, etc.», a-t-il soutenu. Par ailleurs, le conférencier a appelé à la libération de Nasser Zefzafi, le porte-parole de «Hirak», un mouvement populaire du Rif au Maroc, arrêté le 29 mai 2017, après les événements qui ont eu lieu dans la ville d'Al Hoceima. «C'est un devoir de solidarité et de fraternité avec le peuple marocain», dit Brahim Tazaghart.