Le passage de l'analogique au numérique en Afrique dans le domaine de l'audiovisuel est au cœur d'un séminaire organisé à l'initiative de l'Union africaine de radiodiffusion (UAR). Cette question a mobilisé des experts car la technologie numérique transforme profondément tous les secteurs de la vie économique. Hier, l'expérience algérienne a été évoquée. Dans une allocution, le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, a affirmé que l'Algérie «de par son engagement permanent au niveau africain, est disposée à œuvrer de concert avec vous afin de gérer la transition vers le numérique». Le ministre a insisté sur «l'importance majeure de la transition vers le numérique et ce qu'elle implique en termes de développement de l'industrie électronique et cinématographique ainsi que l'ouverture de perspectives prometteuses pour les économies nationales». Il a indiqué qu'un plan national avait été élaboré, qu'un budget conséquent avait été dégagé et avait permis au pays de prendre en charge le volet technologique et humain ainsi que les investissements importants qui ont permis d'aboutir à un taux de couverture nationale important. Il a toutefois estimé que l'un des plus grands défis du pays serait de développer un environnement culturel riche et dynamique. Tewfik Khelladi, président de l'UAR et DG de l'ENTV, a expliqué, quant à lui, que la mutation technologique ne posait pas de problème mais qu'il fallait «s'organiser pour produire des contenus audiovisuels plus attractifs et différents de ceux produits actuellement afin de réussir à convaincre le citoyen à s'équiper en numérique», a-t-il dit. A propos de l'état d'avancement de la transition vers le numérique en Afrique, l'orateur a affirmé qu'il n'y avait pour le moment aucun état des lieux sur cette question, rappelant que «l'extinction du processus des signaux analogiques va commencer en 2015 et que tous les pays devront être théoriquement prêts à diffuser en numérique en 2020», a-t-il dit. Une transition qui comporte des obstacles Pour sa part, M. Taleb Mohammed, chef du département exploitation et vidéo mobile à la télévision, a expliqué que le passage de l'analogique vers le numérique comportait quelques difficultés dont la poursuite de la diffusion des programmes tout en opérant la mutation. Il a également souligné qu'il fallait renouveler ces technologies qui datent de plus de 10 ans car le secteur est confronté à des problèmes de compatibilité de format. Selon lui, l'enjeu majeur de cette transition réside dans les formations adéquates que ce soit pour la maintenance, l'exploitation des nouveaux équipements ou bien les cadres du secteur. La TNT, qui a été lancée en Algérie en 2010, offre la possibilité d'aller vers la HD à l'avenir. M. Chawki Sahnine, représentant de l'Entreprise de télédiffusion et de diffusion algérienne (TDA), a, quant à lui, rappelé que cinq commissions en charge du numérique avaient vu le jour et permis une transition plus harmonieuse. «On estime que 50% de la population est couverte par la TNT et que d'ici à la fin 2014, ce sera 95%. Un taux de 100% est impossible à réaliser car certaines zones demandent des équipements très coûteux. Les 5% restants seront donc couverts par satellite», a-t-il expliqué. Le délégué ivoirien chargé de la diffusion, M. Seidou Coulibaly, nous a expliqué, en marge du séminaire, que son pays était intéressé par l'expertise algérienne et qu'il souhaitait que son pays, qui ne dispose pas encore des équipements adéquats, ne soit pas victime des mêmes contraintes que l'Europe et l'Algérie. En Côte d'Ivoire, nous n'avons pas encore élaboré de budget. Pour nous, le passage au numérique débutera l'année prochaine car ce n'est pas une priorité de la population qui a subi des crises. La numérisation est un business qui profite aux industriels mais il faut s'attarder sur la population. Comment va-t-elle financer les équipements adéquats pour recevoir ces nouvelles chaînes ? La fracture numérique est déjà visible. Les gens sont victimes de la technologie. Pour nous, il est primordial de penser aux prix des équipements et nous allons mener une réflexion dans ce sens»,a-t-il affirmé.