La délégation sportive algérienne est entrée au pays sur la pointe des pieds, dans la discrétion, après une calamiteuse participation aux Jeux Méditerranéens 2018 de Tarragone, sanctionnée par une très maigre moisson ; 13 médailles dont 2 seulement en or et une déshonorable 15e place sur 25 pays participants. C'est la plus mauvaise moisson algérienne dans l'histoire de ces Jeux depuis l'édition de Split 1979. Les deux médailles d'or ont été glanées par le karatéka Hocine Daikhi et le nageur Oussama Sahnoune. Le sport algérien a touché le fond et bu le calice jusqu'à la lie à Tarragone. «Je suis très déçue de ce bilan qui n'honore pas le sport algérien. On savait au départ qu'on n'allait pas avoir les mêmes résultats qu'à Mersin, mais on ne pensait pas finir cette édition avec un tel bilan», tonne la chef de la délégation algérienne, l'ancienne championne du monde et olympique, Hassiba Boulmerka. Les disciplines habituellement pourvoyeuses de médailles, l'athlétisme, la boxe et le judo, ont énormément déçu en terre espagnole. C'est la première fois depuis belle lurette que nos boxeurs, nos athlètes et nos judokas reviennent des JM sans le vermeil dans les bagages. La descente est enfers s'est enclenchée lors des derniers Jeux Olympiques 2016 à Rio de Janeiro où un seul athlète a sauvé l'honneur, en l'occurrence Taoufik Makhloufi, qui a arraché deux médailles d'argent sur 800 et 1 500m. Makhloufi qui a disparu depuis de la circulation, avait tiré la sonnette d'alarme et fustigé alors les responsables des fédérations et surtout du Comité Olympique Algérien (COA), notamment l'intouchable et indétrônable président de la Commission de Préparation Olympique, Amar Brahmia, traîné dans la boue, mais maintenu contre vents et marées à la tête de cette importante commission. Beaucoup ont appelé à un changement à la tête des fédérations sportives et du Comité olympiques après les JO de Rio. Le vent du changement a toutefois touché uniquement les fédérations, pas le COA et son patron, Mustapha Berraf, dont la réélection a été fortement contestée par la plupart des présidents des fédérations et par les responsables du Ministère de la Jeunesse et des Sports aussi. Le conflit né dans le mouvement sportif national après les élections du COA a eu des répercussions désastreuses sur le travail des fédérations et la préparation des athlètes, toutes disciplines confondues. Leur mental a été également ruiné. Qui sème le vent récolte la tempête. La politique de la terre brûlée, de «après moi, le déluge», a mené notre sport vers cette catastrophe. Beaucoup mettent leurs intérêts personnels au dessus de ceux du sport et de la patrie en général. Outre le conflit avec le COA, les fédérations sont touchées de plein fouet par la crise financière, hormis bien évidemment celle de football dont les caisses sont pleines, ainsi que celles du COA. Les responsables des fédérations, qui n'attendent que les subventions du MJS, ne font rien pour trouver d'autres sources de financement et ceux du Comité Olympique sont restés les bras croisés au lieu de venir à la rescousse des athlètes de haut niveau, livrés à eux-mêmes. Le coup de gueule d'Abdelmalik Lahoulou, 4e aux 400m haies à Tarragone, en dit long sur la situation et le moral de notre élite. Il temps de faire un bilan sérieux et de situer surtout les responsabilités pour redresser la situation pour ne pas revivre le même cauchemar lors des JO 2020 de Tokyo et des JM 2021 d'Oran. «Il est clair que les résultats enregistrés à Tarragone ne reflètent guère nos grandes ambitions avant ces jeux. Il faudra tirer les conclusions nécessaires pour que ce genre de parcours ne se répète plus», concède le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, appelé à mettre de l'ordre dans la maison et à stopper l'hémorragie.