Le mois de mai dernier, à l'issue du congrès extraordinaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP), le président du parti d'Abderrazak Makri a annoncé une nouvelle initiative politique : contacter tous les partis au pouvoir et de l'opposition en vue de construire un consensus national. «Dans les prochains jours, nous allons contacter toutes les forces politiques du pays et nous allons tenter d'unifier nos rangs afin de parvenir à un consensus national à même de transiter d'une situation mauvaise vers une situation meilleure», avait-il annoncé. Force est de constater que des mois sont passés depuis cette annonce et le MSP n'a lancé de concertation avec aucune partie. Aucun programme de rencontre bilatérale avec les autres partis n'est arrêté. Le parti islamiste a-t-il donc abandonné son initiative dans cette conjoncture où les partis au pouvoir sont occupés par la préparation du 5e mandat du chef de l'Etat ? Interrogé, Naâmane Laouer, député et membre du Conseil consultatif du MSP, indique qu'«il y a certes un retard mais la démarche n'est pas abandonnée». Il a expliqué que l'accident de la circulation dont a été victime le président du parti il y a un peu plus d'un mois, et qui a nécessité son hospitalisation pendant près de deux semaines est l'une des raisons qui ont provoqué ce retard qui peut se prolonger pour d'autres raisons liées surtout à la vie organique du parti. Selon notre interlocuteur, la première priorité de l'heure de sa formation est la restructuration après l'organisation du congrès extraordinaire. «On est en train de préparer le plan quinquennal du parti. L'opération de restructuration qui est notre priorité prend du temps. Les concertations pour le consensus national sont juste une affaire de temps. Elles ne sont pas liées à l'élection présidentielle car notre vision est à long terme», explique notre interlocuteur, pour qui la présidentielle de 2019 est une opportunité pour construire le consensus. Contrairement au FFS qui avait lancé, en 2013, une initiative similaire, le parti islamiste n'a approché, trois mois après son annonce, aucune formation politique dans le cadre de sa démarche. Lors de sa conférence de presse au lendemain du congrès, le président Abderrazak Makri avait déclaré que «parvenir à un consensus national est la première préoccupation du MSP. Le pays a besoin d'un consensus national entre tous les Algériens et d'un dialogue visant à traiter les problèmes politiques, économiques et sociaux du pays qui, s'ils ne sont pas traités, auront des conséquences négatives. On va contacter tous les partis : ceux de la majorité présidentielle et ceux de l'opposition. Il n'y aura pas de consensus sans la participation du pouvoir. On va exploiter nos bonnes relations avec les uns et les autres afin de parvenir à un consensus». Trois mois après, rien n'est fait. Lors de la réunion du bureau exécutif du parti, le 3 juillet en cours, l'initiative n'a pas été évoquée. Dans son communiqué final, le parti s'est juste contenté de souligner que l'élection présidentielle de 2019 est une opportunité pour réaliser le consensus national. «Le Mouvement considère que l'élection présidentielle est une grande opportunité, la dernière peut-être, pour réaliser le consensus national espéré et non une occasion pour reconduire l'échec et préserver les intérêts personnels», avait souligné le MSP. Avant-hier encore, lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, Abderrazek Makri n'a pas évoqué la question. Il s'est contenté d'appeler à l'association de toutes les forces nationales dans le cadre du consensus national pour concrétiser la paix en Algérie et sortir de la crise. Au fond, le MSP sait peut-être que nulle initiative ne peut aboutir en Algérie si elle n'émane pas du pouvoir.