Les éleveurs de bétail annoncent la couleur. Les prix des moutons s'envolent et dépassent de loin la barre des 40 000 DA. La fête de l'Aïd Al Adha est à nos portes. Prévue pour le 22 ou le 23 août, cette fête religieuse interviendra après les grosses dépenses des vacances d'été et à la veille de la rentrée scolaire. Et comme à chaque fois à l'approche de cette fête religieuse, c'est à se demander si le budget d'un citoyen lambda sera à la hauteur du prix du mouton de l'Aïd cette année. A en croire les éleveurs du bétail de la wilaya de Laghouat, les prix ne seront vraiment pas à la portée du citoyen moyen. En effet, interrogés par le ministre lui-même de l'Agriculture Abdelkader Bouazgui, lors de sa visite effectuée dimanche, dans cette wilaya, les éleveurs affichent les prix. «Le mouton moyen sera cédé entre 40.000 et 45.000 DA», ont-ils répondu au ministre, sans qu'il daigne réagir. Les éleveurs prétextent la hausse des prix des aliments du bétail, pourtant subventionnés par l'Etat. «On investit beaucoup d'argent dans l'élevage des ovins. Il faut croire que le coût des aliments dubétail reviennent cher suivant les cours mondiaux des céréales. Ceci sans compter les autres frais», ont-ils prétexté. Et d'ajouter : «le mouton ne sera pas vendu à moins de 40.000 DA». Une manière de prendre le pouls des Algériens et voir leur réaction quant à cette annonce. Une chose est sûre, les mesures de régularisation du marché du bétail, annoncées chaque année par les pouvoirs publics, ne semblent pas être suffisantes. Le scénario de la flambée des prix des moutons se répète et le simple citoyen se trouve déplumé par autant de dépenses. Il est vrai qu'également, certains citoyens ont déjà commencé à acheter leur ‘'sacrifice'', dans l'espoir de gagner quelques dinars. Levée de la subvention de l'aliment du bétail Par contre, les raisons avancés par ces éleveurs quant à cette montée des prix ne semblent pas convaincre les associations et les organisations de protection du consommateur. C'est le cas de l'Apoce. Le président de cette organisation, Mustapha Zebdi estime à cet effet que la levée de subvention des prix des aliments de bétail s'impose. «Si les éleveurs se plaignent à chaque fois de la hausse des prix des aliments du bétail, je ne vois pas l'utilité de continuer à les subventionner», a-t-il souligné. Il trouve qu'il serait plus judicieux de laisser les prix de ces aliments libres, puisque la subvention n'a pas eu un impact sur les prix de la vente des moutons. «L'Etat dépense des milliards en matière de subvention des prix des aliments, et des vaccins destinés aux cheptels également. Si avec tout ça, les prix dépassent la normale, il serait mieux de lever la subvention», a-t-il renchéri. Il faut dire également que les mécanismes de régulation au niveau des marchés aux bestiaux sont inexistants. Le malheur des consommateurs de viande rouge est présent en toute saison, et pas uniquement pendant les fêtes. La Fédération algérienne des consommateurs (FAC) a de sa part, indiqué que «quand le ciel est généreux et que l'herbe est grasse, l'éleveur n'est pas inquiet au plan de l'aliment. Mais il préfère garder ses troupeaux, ce qui fait grimper les prix», explique-t-on. Lorsque la sécheresse est de la partie, «l'éleveur fait répercuter les dépenses élevées dues à l'achat des aliments». Dans les deux cas, c'est le consommateur qui en pâtit. Côté ménages, le consommateur est conscient qu'il sera saigné à blanc et doit faire les frais de ces mirobolants prix du mouton au risque de déroger à cette tradition religieuse. Les maquignons, les intermédiaires ainsi que les spéculateurs sont accusés d'être derrière cette situation. Des spéculateurs démunis du moindre scrupule, pour qui ce rendez-vous annuel représente une «aubaine», s'en donnent à cœur joie à tirer le maximum d'argent au détriment du respect de ce jour sacré. En prenant en compte le SNMG et la cherté de la vie, s'offrir ne serait-ce qu'un agneau est devenu plus que jamais un luxe et les Algériens ne manquent pas de le signaler. A un mois de cette fête sacrée, d'aucuns sont unanimes à dire qu'elle sera un véritable calvaire au cas où les prix annoncés par les éleveurs restent en l'état actuel. Les prix donnent le tournis.