Contrairement aux promesses et aux assurances du ministère de l'Agriculture, de l'Union nationale des paysans algériens et de la Fédération des éleveurs d'ovins, les prix des moutons ne sont pas «accessibles» pour tous. Pourtant, les services du ministère de l'Agriculture et ceux du Commerce avaient annoncé une batterie de mesures visant à assurer la disponibilité du bétail à des prix abordables au niveau de 23 points de vente aménagés à l'occasion de l'Aïd el Adha. Mais le constat est tout autre. Il s'agit d'une véritable déception pour bon nombre de clients. Lors d'une virée au niveau de certains sites aménagés à Alger et à Blida, on a constaté qu'en dépit des mesures prises pour contrôler le marché du bétail et «barrer la route» aux spéculateurs, les clients affichent leur déception. S'attendant à trouver des moutons à moins de 40.000 DA, ils se sont trouvés avec des prix dépassant les 50.000 DA pour un mouton âgé entre deux et trois ans. A Bach Djarrah, Ain Bénian et Birtouta (Alger), ou encore à Boufarik et Baba Hassen (Blida), les prix des moutons sont de 33.000 à 60.000 DA. Désappointement des clients Approché, l'un des éleveurs estime que les prix des moutons sont justifiables, vu le coût élevé de leur transport et nourriture. «Les prix des moutons âgés de deux à quatre ans varient entre 35.000 DA et 54.000 DA», dira-t-il. Un autre exposant affiche des prix de 32.000 DA à 40.000 DA pour les moutons âgés de six mois à deux ans. A Boufarik, un éleveur abordé explique la «cherté» des prix par «la cherté des aliments de bétail», se réjouissant, par la même, des mesures prises par le ministère de l'Agriculture, permettant aux éleveurs de vendre leur bétail directement aux citoyens. Quant aux clients, c'est la désillusion. Pour Youcef, un électricien de 30 ans, «les prix restent inaccessibles». «A mon sens, les tarifs restent trop élevés», indique-t-il, avant d'ajouter: «Mes économies ne me permettront pas d'acheter un mouton, du moins si les prix restent tels qu'ils sont». Pour Moundir, son cousin, il fera l'impasse du rituel du sacrifice si les prix restent aussi élevés. La qualité de la viande ovine reste également un souci majeur pour les clients rencontrés. «Je ne veux pas me retrouver avec une viande pourrie juste après son abattage. Je ne veux pas me faire arnaquer une deuxième fois», affirme Nacer, père de famille, qui se souvient que lors du précédent Aïd El Adha, son mouton a pris une couleur bleuâtre après l'abatage. En effet, l'année dernière, la viande ovine a pourri après l'abattage, en raison de l'utilisation de compléments alimentaires par certains éleveurs et revendeurs. A ce propos, les vendeurs tentaient de rassurer leurs clients en affirmant que le ministère de l'Agriculture avait chargé des équipes de vétérinaires d'analyser des échantillons de têtes ovines et de contrôler les aliments qui leur sont servis. La Fédération des éleveurs d'ovins rassure Faut-il espérer que les prix de smoutons se stabilisent pour les deux semaines qui précèdent la fête ? Le président de la Fédération des éleveurs d'ovins, Brahim Amrani, n'en est pas certain. Selon lui, les prix ne baisseront pas, même si l'offre sera plus conséquente pour les jours à venir. «Les prix du bétail connaissent une légère hausse comparativement à ceux enregistrés durant les deux derniers mois», explique-t-il. Il précise, tout de même, que cette hausse est justifiée. Selon lui, les éleveurs qui viennent principalement des wilayas de l'intérieur, «doivent faire face à de nombreuses dépenses». L'abondance du cheptel ovin en Algérie, évalué à plus de 28 millions de têtes, n'aidera pas à faire baisser les prix. De son côté, le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Allioui, assure que les prix baisseront graduellement. «Les prix des moutons varieront entre 25.000 et 50.000 DA, pour ceux âgés entre deux et trois ans, tandis que ceux plus âgés seront cédés à plus de 60.000DA», dira-t-il. 3.000 vétérinaires mobilisés En réponse aux inquiétudes des citoyens quant à la qualité de la viande ovine, le ministère de l'Agriculture a appelé les citoyens à éviter les points de vente parallèles et les marchés anarchiques. Les services du ministère ont prévu la mobilisation de 3.000 vétérinaires, au niveau des 23 sites retenus. Tous les abattoirs ont été également mobilisés en vue d'accueillir les citoyens pendant les deux jours de l'Aïd El Adha. En matière d'hygiène et de protection de l'environnement, le ministère de tutelle et les entreprises spécialisées dans les activités de collecte des peaux de mouton sont parvenus à un accord pour le ramassage des peaux jetées dans certaines régions, après l'Aïd.