Saignés à blanc par le Ramadhan et la rentrée scolaire, les ménages mettent le cap à présent sur l'autre grand dilemme de l'achat du mouton de l'Aïd El Adha. La fièvre de la fête du sacrifice s'installe dans les foyers à mesure qu'approche le jour J et que font leur apparition les premiers troupeaux. Aux marchés à bestiaux de la wilaya : Téleghma, Chelghoum Laïd, Ferdjioua et Oued Athménia, véritables baromètres du marché des ovins, les éleveurs et maquignons sont sur le qui-vive piaffant d'impatience de liquider leur cheptel afin, disent-ils, d' »amortir, un tant soit peu, les charges insupportables relatives aux frais d'élevage ». A se fier à ces allusions somme toute très claires, les prix du mouton seront en hausse cette année encore. L'illustration en a déjà été faite par certains éleveurs qui évoquent le scénario classique du renchérissement des aliments de bétail. L'avertissement est donc dans l'air du temps donnant ainsi un avant-goût sur les premiers frémissements du marché de bétail qui, à l'heure qu'il est, demeure aussi frileux qu'instable. Certains spécialistes contactés avancent l'idée que la flambée rédhibitoire des aliments de bétail a contraint les éleveurs à engager des frais lourds pour l'entretien de leurs hangars et étables, d'où la cherté annoncée des prix du cheptel. En tout état de cause, les prix affichés jusqu'ici risquent de porter, cette année encore, un sacré coup aux économies de la ménagère. En dépit de l'abondance du cheptel, relevée tant au niveau des marchés à bestiaux que dans la campagne ou le long des axes routiers, les prix affichés font grincer les dents aux plus stoïques des chefs de familles. La preuve en est qu'un mouton de corpulence importante est proposé entre 22 000 et 28 000 DA, alors que les imposants béliers cornus se négocient à partir des 35 000 DA. S'agissant des brebis, leurs prix, selon les tailles des unes et des autres, varient entre les 15 000 et 20 000 DA. Ainsi donc, la spéculation sur le coût du mouton bat son plein à quelques encablures de l'événement religieux. Des connaisseurs avertis n'excluent pas la possibilité de recul sensible des prix du cheptel lors des deux à trois derniers jours précédant la fête du sacrifice. Les projections les plus optimistes vont jusqu'à prédire qu'il y en aura tout aussi pour les bourses moyennes, dès lors que le maquignon et autres agriculteurs seront contraints, face à l'érosion vertigineuse du pouvoir d'achat, de lâcher du lest pour écouler leur bétail. « Il n'est pas impossible de dégoter, à la veille de l'Aïd El Kebir, la bonne occasion pour la somme de 12 000 ou 14 000 DA », a conclu un observateur.