«Le naufrage» est un recueil de nouvelles surprenantes et singulières de Mohamed Sari paru aux éditions ‘alpha'. C'est dans un monde kafkaïen mais ô tellement réel et tangible que nous introduit Mohamed Sari à travers ses neuf nouvelles aux titres révélateurs de situations burlesques et dramatiques notamment «Méprise fatale», «le naufrage», «Tentation d'Outre-tombe», «L'aubaine du taxieur», «Le retour de l'absent», «la grande illusion», «Pour une pelletée de sable», «Male bêtes», «Souk». A travers ces nouvelles, l'auteur raconte en filigrane L'Algérie et ses problèmes de logement, de transport, d'injustice, des harraga, d'émigration ; d'ingratitude des enfants, de débrouille et de mal vie etc. Ses personnages authentiques terriblement humains sont mus au gré du destin qui les ballotte et se gaussent d'eux. Chaque personnage est confronté à une situation qui l'emmène dans ses pires retranchements. Détresse humaine Dans «naufrage», l'auteur focalise sur le thème des harraga et de la détresse humaine, alors que dans «la grande illusion», il évoque la difficulté de vivre aisément… C'est à travers les péripéties de Abdelkader pour acquérir une voiture que se déroule le récit d'une société en proies à des difficultés socio économiques qui font que chaque personne tente de s'en sortir par le système de la débrouille. Afin d'être reconnue dans ce système de valeurs nouvelle C'est un visage sombre et bouleversant de l'Algérie que décrit le nouvelliste avec une réalité poignante. Avec ses narrations, Mohamed Sari interpelle sur la mal vie et sur l'infortune du citoyen et de la dure épreuve qu'il traverse. Se voulant le témoin d'une époque, l'auteur dit : «Si je parle d'une époque révolue, personne ne m'écoutera, ni ne me croira. Alors que moi, j'ai envie de vous raconter le présent, ce qui bruisse autour de vous, ce qui assourdit vos oreilles et vous donne des cauchemars, des angoisses et des colères terribles, dépassant celle d'Achille. ... Eh bien que la navigation commence». C'est un recueil de nouvelles est une parabole au vitriol de la société. Mohamed Sari tisse neuf récits avec des fils de tendresse et une trame de désespoir. Pessimisme Ces nouvelles qui carburent drôlement sont des récits denses où l'auteur digresse divers scénarios et sentiments. Cet ouvrage sensible, pessimiste semble être un exutoire de l'auteur qui veut donner un joli coup de pied à la morosité. Ecrit avec une chaleureuse aisance, et une parfaite maîtrise de l'écriture, il fait monter l'émotion. A lire sans modération. Notons que Mohamed Sari est professeur de sémiologie littéraire à l'université d'Alger et est aussi Critique littéraire. Il a son actif plusieurs traductions du français vers l'arabe de romans d'auteurs à l'image de «Yasmina Khadra», «Anouar Benmalek», «Malika Mokkadem» et «Maïssa Bey».