Le film «Les Bienheureux» de Sofia Djama a-t-il été censuré au Festival international d'Oran du film arabe ? C'est ce que laisse comprendre la polémique qui ne cesse d'enfler sur les réseaux sociaux. Les organisateurs de ce festival on été interpellés lors d'une conférence de presse sur la non sélection de ce film. Ceux-ci ont prétendus que ce film n'est pas algérien, ni arabe. Comment se fait-il donc qu'un film réalisé par une jeune réalisatrice algérienne, pleine de talents, tourné en Algérie, avec un casting entièrement algérien, dont la langue principale du film est l'arabe dialectale algérienne, et cofinancé par une société algérienne, soit considéré par la commission de sélection au Festival international du film arabe d'Oran comme un film non algérien ? Une question qui mérite d'être posée, d'autant plus que le film a rencontré un franc succès à l'étranger et s'est distingué en remportant le «Prix de la meilleure actrice» lors du 74e Festival international du film de Venise (Italie). Le film vient d'ailleurs d'avoir sept nominations, dans la full list Africa movie academy awards 2018 (AMAA) où il représente l'Algérie. Pour Bachir Derraïs, propriétaire de la boite de production «Les Films de la source», qui est la partie algérienne de la production, les arguments avancés par les organisateurs de ce festival ne tiennent pas du tout la route. «C'est un film franco-algéro-belge et Qatari. Ce film a représenté l'Algérie au festival de Venis où la jeune actrice Lina Khoudri a été distinguée pour son rôle», déclare-t-il au Temps d'Algérie. «C'est faux, c'est archi faux, ce film est algérien, par la nationalité de la réalisatrice et par la production ; Je suis producteur associé de ce film par ma société ‘les films de la source' de droit algérien, et à ce jour, ni la réalisatrice ni moi même ne possédons une autre nationalité que l'Algérienne. Ce film a participé dans plusieurs festivals comme film algérien et j'ai en ma possession des documents et formulaires que j'ai signé» écrit-il encore sur sa page Facebook. De son coté, la réalisatrice Sofia Djama a tenue à apporter des précisions sur son film, après la conférence des organisateurs du festival, sur sa page facebook. «Pour son ‘Algériennité' il est pourtant de notoriété publique (à lire le générique) qu'il a été soutenu financièrement par une entreprise privée Algérienne, que des institutions étatiques avec qui nous avons signé des conventions ont soutenu le film, on appelle cela ‘soutien industrie' et ça compte en prod, ce qui est assez pour lui donner sa légitimité algérienne, puisque ma nationalité ne vous suffit pas» écrit-elle. Elle ajoute que «Quant au membre de la commission qui dit que mon film n'était pas éligible parce qu'il n'a reçu aucun centime de la part de Ministère de la Culture, en soi il formalise l'idée que tout film qui ne passe pas par le financement officiel du Ministère, ne peut être Algérien. On ne fait rien sans être adoubé par le Ministère, donc vous officialisez publiquement le contrôle de la culture», se désole-t-elle. A noter que le Festival international d'Oran du Film arabe a connu sa pire édition depuis son lancement pour son édition 2018, d'après les confrères et consœurs présents sur place. Les organisateurs de ce rendez-vous annuel, de leur coté, se demandent qui veut salir l'image du Festival et de l'Algérie, pour avoir soulevé les points négatifs de cette nouvelle édition.