Décidément, le service communication du Vatican n'a pas retenu la leçon ! En effet, lors de l'assemblée annuelle de la commission épiscopale espagnole pour les moyens de communication sociale,le porte-parole du Saint-Siège, le Père Fédérico Lombardi, évoquant le cas «Williamson» n'a rien trouvé de mieux à dire que «cette crise peut être un pas en avant positif dans les relations avec les juifs». Il faut le faire ! Quand je vous disais que les décisions «papales» n'étaient pas très «orthodoxes» ! Le porte-parole du Vatican poursuit en soulignant que s'il y a eu des tensions après la décision du pape, de lever les excommunications, c'est surtout dû à «une dramatique coïncidence». Selon lui, c'est parce que le 24 janvier dernier, l'annonce de lever l'excommunication des quatre évêques lefebvristes dissidents a coïncidé avec la diffusion le même jour des propos antisémites et négationnistes de Williamson. Et de préciser : «Les négociations avec la Fraternité Saint Pie X avaient été menées avec monseigneur Fellay, supérieur général de cette communauté», et pas directement avec l'évêque Williamson, qui réside en Argentine. «Il y a eu des erreurs et des problèmes de communication», a-t-il reconnu, mais «ce qui est sûr, c'est que le pape ignorait la position de monseigneur Williamson». Dont acte ! Sûr de son argumentation et de ses effets sur ses «confrères communicateurs catholiques d'Espagne», le père Lombardi n'a pas peur d'en rajouter une couche : «L'effort de clarification du Saint-Siège sur cette question a eu des effets positifs aussi bien dans les rapports avec le monde juif que dans l'amorce du dialogue avec la Fraternité Saint Pie X.» En avançant cela, le porte-parole évoquait évidemment l'entretien qu'avait eu, jeudi 12 février au siège du Vatican, Benoît XVI avec les représentants d'organisations juives américaines. Des organisations, dira le père Lombardi, «qui avaient compris ce jour-là que la position du pape avait toujours été complètement hostile aux propos négationnistes de l'holocauste». Formidable ! Si l'on suit son raisonnement, le tsunami général qui a bouleversé tout le monde après la décision du pape de lever l'excommunication des évêques rebelles et renégats n'était pas sans intérêt puisqu'il a porté ses fruits. Etait-ce donc prémédité ? Oh grands dieux, que non ! Pardon, pour ce blasphème, mais Dieu reconnaîtra les siens… Mais la meilleure, c'est lorsque le communicateur du Saint-Siège – dont je m'inquiète personnellement qu'il n'ait pas pu être au courant des affirmations négationnistes de Williamson, en bon attaché de presse qui se respecte – établit un parallèle avec le discours du pape à Ratisbonne. Rappelez-vous la situation de forte tension qui s'en est suivie avec le monde musulman, à l'époque ! «A l'occasion de cette crise, affirme notre bon Samaritain, toute une série de contacts nouveaux et d'approfondissements avec les différentes instances du monde musulman a vu le jour, si bien qu'à présent, nous avons beaucoup plus avancé, je crois, qu'avant Ratisbonne.» Oui, vraiment, celle-là il fallait la faire ! Ainsi donc et comme nous le disions dans ces mêmes colonnes, et comme le père Lombardi nous le laisse entendre, Benoît XVI savait pertinemment ce qu'il faisait, tant avec les musulmans qu'avec les juifs. Ses provocations semblent donc bien avoir été préméditées… Il ne s'agit plus d'œcuménisme mais bien de politique ! Pourrait-on alors savoir si c'est Benoît XVI, le souverain pontife, le chef de l'Eglise, le pasteur suprême, le vicaire de Jésus-Christ, l'évêque universel… qui parle ou tout simplement... Joseph Ratzinger ?