A quelques jours de la célébration de l'Aïd El Adha, au chef lieu de wilaya de Tébessa, réputée pour la qualité des moutons qui y sont élevés, ou encore à Bir Mokkadem, Bir El-Ater et Cheria, où est implanté le plus grand marché de bétail de l'Est du pays, les marchés à bestiaux vivent au rythme d'une réelle effervescence, avec une affluence remarquée des habitués de ces marchés, qui y viennent de toute la région Est du pays. La wilaya de Tébessa, à vocation agropastorale, caractérisée par un environnement particulièrement propice pour l'élevage ovin et bovin, avec un climat chaud en été et froid en hiver, propose pour l'Aïd du sacrifice, des moutons de qualité. L'agneau y est une véritable marque déposée, s'accordent à dire les citoyens approchés par l'APS. A Tébessa, l'agneau est très prisé. Sa viande, assure-t-on, est savoureuse, avec un goût particulier, du fait que la région est connue par ses pâturages «généreux» à base de romarin, de genévrier, d'armoise ainsi que d'autres types de végétaux. Il est localement demandé, car apprécié pour sa viande délicieuse, et la variété de mets que sa chair tendre permet de préparer. Les citoyens viennent aussi de toutes les régions du pays, à El Marmouthia, Darmoune, ou encore Dokane, «fiefs» de l'agneau à Tébessa, en quête d'un mouton à «pedigree» qui confirme la réputation solide (et bien fondée) du cheptel ovin de ces régions. Approchés par l'APS, de nombreux maquignons, rencontrés dans la localité de Darmoune, dans la commune de Cheria, à 45 km à l'Ouest de Tébessa, ont été unanimes à affirmer que l'élevage ovin requiert une connaissance et une compétence spécifiques, que beaucoup de jeunes éleveurs œuvrent à commencer à s'y initier, ont-ils attesté, par le pâturage à des heures spécifiques et dans des endroits qui garantissent, non seulement un engraissement naturel, mais également une qualité de viande supérieure. Pour Abderezzak, un berger de Cheria qui a à sa charge 50 têtes ovines, âgées entre 6 mois et 3 ans, l'élevage dans cette région est transmis de père en fils. «Ici, les ficelles d'un bon élevage ovin ou bovin sont apprises depuis le jeune âge. C'est pratiquement la seule source de revenu dans la région. Je compte vendre une partie de mon troupeau ,que je veille à en prendre soin depuis des mois, pour l'Aïd El Adha». Mohamed, un maquignon qui exerce ce métier depuis près de 23 ans, a, de son côté, fait l'éloge des vertus de l'alimentation et de l'engraissement naturels des moutons de Chéria, et particulièrement de Darmoune, estimant que le recours à d'autres matières ou aliments préparés, est susceptible de rendre la qualité de la viande «moins bonne». L'élevage, un savoir-faire en quête de valorisation L'élevage ovin dans la wilaya de Tébessa, fait face depuis des années, à de nombreux problèmes et obstacles, qui ont énormément affecté le rendement de cette filière agricole. Le manque de main d'œuvre, la réticence de beaucoup de jeunes à assurer la continuité, et le phénomène de la sécheresse qui affecte la région depuis plus de 10 ans, influent sur les prix des moutons, comparativement aux années précédentes, et fragilisent la filière, assure-t-on. Pour le président de l'association des éleveurs ovins, Salim Kaba, l'absence de formation dans le domaine de l'élevage, la sécheresse et la régression des surfaces de pâturage «menacent un savoir faire local». «L'introduction de nouvelles spécialités dans les domaines des sciences vétérinaires et agro-pastorales, l'encouragement de jeunes pour embrasser des carrières professionnelles et effectuer des stages dans ces domaines, sont en mesure de relancer une activité génératrice de richesse», souligne le responsable. Il a également souligné l'apport des différents dispositifs d'aide à l'emploi, et des instances financières dans la relance du métier d'élevage dans toutes ses facettes. De son côté, le président de la chambre agricole, Mustapha Soltani, a fait savoir que le cheptel ovin dans la wilaya de Tébessa s'élève à près de 1,2 million de têtes ovines. Les instances concernées œuvrent à vacciner ce nombre important de moutons, chaque année, contre les différentes maladies, a-t-il relevé. Il a, dans contexte, rappelé les efforts de l'Etat, visant la promotion de l'élevage dans la région de Tébessa, notamment la gratuité des vaccins, et la subvention du prix d'orge en période de sécheresse. M. Soltani assure qu'une offre de moutons généreuse, suffisante et de qualité, est proposée dans les différents points de vente à Tébessa, aux citoyens, à l'occasion de l'Aïd El Adha, avec l'ambition de répondre à leurs besoins. A noter que le prix du mouton de sacrifice de Tébessa varie, selon ses catégories, entre 25.000 et 50.000 dinars.