Le premier long métrage de la jeune réalisatrice algérienne Yasmine Chouikh, «Jusqu'à la fin du temps», a fait sensation au sein du public, lors de sa projection dans la soirée de lundi à la cinémathèque de Béjaïa à l'occasion de la 16e édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa. Le récit du film Jusqu'à la fin des Temps de Yasmine Chouikh se déroule dans le mausolée et le cimetière Boulekbour. La réalisatrice a eu l'audace de porter sa caméra dans un endroit réputé sacré et aborder des sujets délicats. Un endroit complètement imprévisible pour faire vibrer le cœur d'un vieux fossoyeur, Ali, (Boudjemaâ Djillali) sur une vieille femme Joher (Djamila Arres), venue se recueillir pour la première fois sur la tombe de sa sœur. Deux êtres humains en fin de vie qui attendent leur dernier voyage dans l'au-delà, mais que le plus noble des sentiments surprend dans leur pénible routine. Entre la tragédie et le comique Seulement voilà, le scénario peut paraître quelques fois pauvre et manquer de consistance dans la trame générale du film. Mais la réalisatrice a su combler ce déficit, tant bien que mal, par des vannes du terroir que, parfois malheureusement, le spectateur peut deviner avant même le déroulement de la scène. Yasmine Chouikh a l'ambition de dénoncer, dans son film «le conservatisme rigide», mais dans le mausolée de Sidi Boulekbour, le décolleté sensationnel de Nassima (Imen Noël) trouve une place sans qu'il n'y ait de contestation, et la célébration de son mariage au sein même du mausolée avec Djelloul (Mohammed Takiret) n'a rencontré aucune animosité de la part des tenants des lieux. La réalisatrice veut pointer du doigt aussi «le capitalisme rampant» à travers le personnage de Nabil (Mehdi Moulay) qui veut monter son business en voulant installer une société de pompes funèbres dans le mausolée. Mais le but ne semble pas totalement atteint dans la mesure où le personnage est montré dans la majorité des scènes dans une posture comique légère. Ce qui n'est pas le cas du capitalisme… Quelques scènes prêtent également à confusion, telle que celle de la femme dépressive venue se recueillir, en compagnie de ses deux petites filles, sur la tombe de son mari. Le spectateur ne sait plus si c'est une scène dramatique vu l'endroit et la conjoncture, ou rire de son discours délirant de femme malade. Ce qui provoque parfois une confusion et désoriente le spectateur sur l'intention de l'auteur. De belles images Sur le plan technique, le film est une belle réussite. Yasmine Chouikh a su manier sa caméra, de manière assez brillante, comme elle l'avait prouvé dans ses deux précédents courts-métrages El Bab en 2006 et El Djinn en 2010. A cela, il faut ajouter le magnifique jeu des acteurs du film. Boudjemaâ Djillali qui a interprété le rôle du creuseur de tombes a fait montre d'un magnifique jeu face à l'actrice Djamila Arres. Le couple a donné une belle consistance à leurs rôles respectifs. A noter que ce long métrage est distribué dans les salles algériennes par l'Office national de la Culture et de l'information (ONCI) cette année. Le premier long métrage de Yasmine Chouikh a été bien reçu par le public.