Englué dans une guerre sans fin et sans horizons de résolution en Libye, en proie à une guerre civile sanglante depuis 2012, le maréchal Khalifa Haftar menace de ramener sa guerre sur le territoire algérien ! Dans une rencontre avec des notables de son pays, dont des extraits sont diffusés par la chaîne qatarie Al Jazeera, on voit le maréchal proférer sans aucune retenue et précaution diplomatique, une menace de «déplacer en quelques instants la guerre en Algérie». La raison ? Il accuse l'armée algérienne d'avoir pénétré dans le territoire libyen. «En temps de guerre, on ne permet à personne de s'approcher de nous. Les Algériens ont profité de l'occasion et ont pénétré sur le territoire libyen. J'ai envoyé le général Abdelkrim à Alger pour leur dire que ce qu'il s'est passé n'est pas fraternel», a déclaré l'homme fort de l'est libyen. Il a ajouté que les autorités algériennes l'ont rassuré que «ce qui s'est passé était une démarche individuelle qui va se terminer dans une semaine». En attendant une réaction des autorités algériennes à ces menaces et accusations, l'on s'interroge sur les intentions du maréchal et de ses capacités à mener une guerre à l'extérieur de son pays, alors que sa propre armée souffre de profondes divisions, et reste impuissante à assurer la sécurité de la Libye. En tout cas, les officiels algériens ont toujours affirmé, que l'armée du pays ne sera jamais amenée à intervenir en dehors du territoire national. C'est un principe constitutionnel que les autorités brandissent, à chaque fois que des appels viennent demander à l'Algérie, de s'ingérer dans un conflit dans un pays voisin, notamment ceux du Sahel. «Les gens connaissent la position et la doctrine de l'Algérie. Tout le monde sait que notre armée a des missions de défense nationale ; elle protège nos frontières, s'implique dans la lutte antiterroriste. Les gens peuvent nous demander d'intervenir, mais tout le monde sait que l'Algérie n'intervient pas en dehors de ses frontières», a réaffirmé, le 5 juillet dernier, le chef de la diplomatie algérienne, Abdekkader Messahel. Pour ce qui est de la résolution des conflits, Alger a plaidé, notamment depuis le début des guerres dans certains pays de la région, comme la Libye, le Mali, la Syrie et le Yémen, pour des solutions politiques, qui passent par un dialogue inclusif qui regroupe toutes les parties du conflit. Au Mali, l'Algérie a joué le rôle de médiateur entre les belligérants, et a abrité plusieurs rencontres à Alger, sanctionnées par la signature d'un accord de paix. Elle a fait la même chose pour la Libye, même si le processus n'a pas abouti. La position n'a pas pour autant changé. En recevant, jeudi dernier, le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération, Josep Borrel Fontelles, M. Messahel a évoqué, avec son homologue espagnol, la situation en Libye et dans la région du Sahel, et lui a exposé l'approche algérienne, qui prône la solution politique de ces conflits. D'où cette question: Les accusations de Haftar sont-elles fondées ? En tout cas, ses déclarations à l'encontre de l'Algérie, interviennent au moment où la capitale libyenne a plongé dans une vague de violence qui ne dit pas son nom. Il y a quelques jours seulement, des affrontements sanglants entre milices, ont fait plus de 60 morts et 100 blessés.