En dépit de la faible production de raisin à Boumerdès, plusieurs vignerons et viticulteurs que nous avons rencontrés lors du salon dédié à la filière, jeudi dernier, estiment que le marché de l'export n'est pas une utopie. Car les solutions existent. La firme viticole Oumellal et frères est un exemple édifiant d'une réussite à l'exportation du raisin algérien dans plusieurs pays d'Europe, du Golfe ou du Moyen-Orient. Cette firme située à Baghlia qui produit plusieurs variétés de raisin a été choisie par un expert agronome européen, Ségaoui Ahmed, pour piloter un projet d'exportation avec de nouveaux moyens de stockage dénommés module d'atmosphères contrôlées. «Les raisins de Boumerdès ont de fortes chances de se développer à l'international car elles sont de bonne qualité et d'un calibre important leur permettant de concurrencer le produit local européen», nous dira M. Ségaoui. Et d'ajouter : «Les viticulteurs de l'ex-Rocher noir auront tout à gagner en exportant leurs produits en Europe qui recèle un marché de 500 millions d'habitants. Les raisins sont cédés actuellement à 5 euros le kilo alors qu'il y a deux ans de cela, il se vendait à 2 euros dans les marchés et autres espaces alimentaires», avant d'inciter les agriculteurs algériens à exporter leurs produits dans un marché en perpétuel changement, offrant ainsi des opportunités inégalées au développement de la filière. Cet expert agronome chargé du développement au sein de l'entreprise Janny MT qui fabrique ces modules, précise que «le grand problème pour l'exportation est celui de la chaîne de froid, surtout lorsqu'on sait que nous sommes devant un produit hautement périssable tel que le raisin». Et, précise-t-il, avec ces nouveaux modules d'atmosphères contrôlés, le producteur peut conserver son produit jusqu'à six mois, donc une période permettant même son exportation un peu partout dans le monde. «Nous avons réussi à maintenir dans ces modules des raisins jusqu'à sept mois et ça a donné de bons résultats car le produit gardait toujours son volume et son goût. Ces modules en forme de cube ont un système de refroidissement qui, à travers des membranes, laisse entrer 2% d'oxygène à l'intérieur et cela empêche sa péremption rapide ; ils peuvent contenir jusqu'à 250 kg de raisin et ne coûtent que 400 euros par module avec une validité de vie de plus de 15 ans». Avec cette technique, l'exportation du raisin deviendra facile et non risqué». «Nous souhaitons créer une appellation d'origine contrôlée pour le raisin de Boumerdès qui est de très bonne qualité. Nous l'avons exporté depuis l'Europe vers Dubai et les clients n'ont pas cru que c'était un produit algérien. Donc, nous avons toutes les potentialités de développer la filière à l'export avec ce nouveau produit mis sur le marché», a-t-il ajouté. La diversification des produits à l'export hors hydrocarbures est beaucoup plus nécessaire en ces temps de vaches maigres et recule les prix de l'or noir sur le marché international. Cette année, la production de raisin a atteint 1,9 million de quintaux en chute par rapport à l'année écoulée où les raisins ont frôlé la barre des 5 millions de quintaux.