Pour sauver la prochaine campagne vendanges du péril qui la menace, les producteurs et la Viticoop ont instamment demandé à l'ONCV de faire connaître ses prix à l'achat, de façon à s'attirer l'essentiel de la production et ainsi faire barrage aux transformateurs privés, qui sont, eux, accusés d'être mus par une logique purement spéculative. En réponse, l'opérateur public, relayé par le responsable de l'ITAF, a proposé une toute autre démarche excluant le court terme et visant une nouvelle dynamique en synergie avec tous les acteurs de la filière. Cette approche basée sur un partenariat, qualifié de gagnant-gagnant, devrait profiter à la filière dans son ensemble ainsi qu'à une professionnalisation qui lui fait grandement défaut. Ainsi, l'intervenant s'est engagé à rétribuer au meilleur prix le quintal de raisin, mais encore de présenter en fin d'année son bilan financier aux représentants des viticulteurs, en faisant ressortir les bénéfices réalisés par l'office. La plus-value, a-t-il assuré, sera reversée sous forme d'une ristourne aux viticulteurs. Néanmoins, cette dernière consistera en des programmes d'investissement au profit de tous les secteurs de la filière et pas seulement au seul segment vin. De la sorte, la diversification prônée touchera la production du raisin sec, du jus de raisin, du vinaigre et la valorisation des sous-produits du raisin (marc, lie) par leur transformation en alcool et produit de beauté. A cet égard, il a été affirmé que l'ONCV disposait des fonds nécessaires pour cette nouvelle approche sachant qu' annuellement à l'export, il engrange une moyenne de 200 millions d'euros. Concernant le vin, les programmes de développement viseront l'amélioration de la qualité par des actions en amont, au niveau de l'agriculteur, comme en aval, par l'injection d'équipements appropriés ainsi que par la formation et le recyclage « Le vin de consommation courante (VCC) est cédé en vrac sur le marché mondial à l'équivalent de 25 DA le litre, ce qui, avec l'importation menace directement la viticulture algérienne qui en produit en grandes quantités et pour bien plus cher. Pire, il existe un excédent estimé à 90 millions d'hectolitres de VCC sur le marché mondial. Alors, si nous voulons maintenir la filière et arracher une meilleure part sur le marché à l'export, il est impératif de cibler la qualité », a déclaré l'orateur. Les deux intervenants ont, par ailleurs, expliqué qu'à la faveur de la meilleure visibilité en matière de politique viticole, en raison de la nouvelle approche en termes de filières introduites par le ministère, il est possible d'ériger Aïn Témouchent en pôle viticole intégré avec tous les avantages liés à ce statut. Hormis l'intérêt évident qu'ont suscité les propos des deux PDG, aucun engagement n'a été pris. La question qui se pose est de savoir quel sort va connaître la nouvelle démarche proposée en l'absence de l'implication des pouvoirs publics ? une démarche non plus commerciale où ceux-ci n'ont pas à intervenir, mais une véritable politique de relance. Quel sort va-t-elle subir, sachant que la Chambre d'agriculture prépare une rencontre le 29 juillet entre les représentants des viticulteurs, la Viticoop et les transformateurs privés ? Quelle en sera l'issue alors que ces derniers ne vont pas demeurer les bras croisés face à ce qui menace leur démarche, jusque-là basée sur la spéculation ? Quelle issue sachant que, dix jours plus tard, les vendanges commenceront en zone précoce ?