Après plus d'une dizaine de jours de suspense, Saïd Bouhadja décide de jeter l'éponge et de mettre fin au bras de fer qui l'oppose aux députés de la majorité parlementaire, qui ont juré d'avoir sa tête. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) est, semble-t-il, convaincu de l'inutilité d'aller vers le pourrissement, annonçant qu'il quittera son poste dans les prochaines heures. Jusqu'à hier en fin de journée, Bouhadja était sur le point de finaliser un document-bilan qui retracerait ce que l'Assemblée nationale a accompli sous sa responsabilité, depuis mai 2017, selon des échos qui nous parvenaient de l'hémicycle Zighout Youcef. Dans une déclaration à la chaîne privée Dzair news, le président de la Chambre basse du Parlement a été affirmatif : «Je démissionnerai dans les prochaines heures», a-t-il dit, ajoutant qu'il s'agit d'une décision «irréversible» prise «en toute conviction». À en croire donc ses propos, c'est la fin d'un feuilleton, qui a pris en otage l'institution législative, plongée dans une paralysie inédite. Toutes les activités de l'APN et ses structures ont été gelées par la majorité, composée des partis FLN, RND, TAJ, MPA et les Indépendants. La décision de Saïd Bouhadja intervient, faut-il le relever, 24 heures après la sortie d'Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND. Ce dernier, également Premier ministre, a mis fin aux espoirs du président de l'Assemblée, lorsqu'il a déclaré qu'«il n'y aura aucun coup de fil de la Présidence». L'appel que Bouhadja attendait du palais d'El Mouradia pour démissionner ne sonnera pas, car ce serait en violation flagrante du principe de séparation des pouvoirs que garantit la Constitution du pays. D'ailleurs, comme Ouyahia, le secrétaire général du parti FLN, Djamel Ould Abbès a, à son tour, expliqué que «la Présidence n'a rien à voir dans le conflit», conseillant à Bouhadja de partir dans les 48 heures. De plus, il n'y avait pas mieux placé qu'Ouyahia pour faire comprendre à Bouhadja qu'il était inutile d'attendre un quelconque arbitrage en sa faveur. Beaucoup d'observateurs ont alors compris, dans le silence de la Présidence, un lâchage plus qu'autre chose. En attendant donc la démission «officielle» du président de l'APN, ce dernier ne quitte pas son poste pour avoir échoué dans sa mission, comme l'accusent les députés qui lui reprochent, entre autres, «la marginalisation éhontée, le report intentionnel de l'adoption du règlement intérieur de l'APN, la marginalisation des membres de la Commission des affaires juridiques, une mauvaise gestion des affaires de l'APN, des frais exagérés déboursés illicitement et un recrutement douteux». Il affirme que son problème est désormais «avec les chefs des partis FLN et RND» qui auraient poussé les députés à la révolte, regrettant que «le Parlement vive actuellement une situation d'anarchie et de violation de la loi». Deux raisons qui ont pesé dans sa décision de rendre le tablier. Quoi qu'il en soit, le retrait imminent de Saïd Bouhadja devra ouvrir la voie à la succession. Et ce sera, en toute vraisemblance, en concertation entre les deux partis FLN et RND, que le futur président de la Chambre basse sera choisi. D'ores et déjà, les noms de Mohamed Djellab, ancien ministre des Finances, et de Mohamed Hadj Laïb, député de Batna, reviennent avec insistance, pour prendre le fauteuil de Bouhadja. Une seule question se posera alors : le secrétaire général de l'APN, Bachir Slimani, démis de ses fonctions par l'actuel patron de l'hémicycle, sera-t-il réintégré ?