Entre les députés de la majorité parlementaire, particulièrement ceux du parti FLN, et Saïd Bouhadja, c'est le clash. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) est visé par une pétition qui a rassemblé durant le week-end plus de 300 signatures parmi les députés de son propre parti, le Front de libération nationale (FLN), outre ceux du RND, du MPA, de TAJ et des indépendants, dans l'objectif de le destituer. Sous la pression, Bouhadja pourrait être amené à jeter l'éponge dans les prochaines heures. Une rumeur a d'ailleurs circulé hier, annonçant sa démission, avant que l'homme ne sorte de son silence pour démentir et affirmer qu'il était toujours en poste. «Je ne vois pas d'inconvénients à quitter mon poste, à condition que cela se fasse dans la légalité, contrairement à ce qui se passe actuellement», a déclaré le président de la chambre basse du Parlement, cité par des médias en ligne. L'homme, tout en insistant qu'il n'a pas démissionné, se montrera confiant. Comment ne pas l'être lorsque l'on sait qu'il n'y a concrètement aucun moyen permettant aux députés de le destituer ? En effet, l'article 131 de la Constitution stipule que «le président de l'Assemblée populaire nationale est élu pour la durée de la législature». C'est-à-dire tout le mandat. Quant à l'article 10 du règlement intérieur de l'Assemblée, qui traite de la vacance de la présidence de l'APN, il évoque uniquement les cas de démission, d'incapacité, d'incompatibilité ou de décès. Or, il se trouve que Bouhadja n'est dans aucune de ces situations. La légalité dont il parle n'est en effet autre qu'un probable signal de la présidence de la République, voire du président Bouteflika en personne qui a validé en mai 2017 son nom proposé au poste. C'est dire la complexité de la chose au sein de la chambre basse du Parlement. Une situation faisant suite à une guerre qui remonte à plusieurs semaines déjà. Mais la goutte qui aura fait déborder le vase est le limogeage par Bouhadja du secrétaire général de l'APN, Bachir Slimani. Un homme que l'on qualifie de «fidèle» au sein du FLN. Contre Saïd Bouhadja, les députés énumèrent plusieurs accusations dont «le manque de coordination», «des décisions unilatérales», «la violation du règlement intérieur de l'APN», «une mauvaise gestion», «des dépenses financières injustifiées» et «le non-respect de la représentation des groupes parlementaires dans le cadre de missions à l'étranger». Paradoxalement, jusqu'à présent, la direction du parti FLN est plongée dans un silence pour le moins complice. La réunion tenue mercredi dernier entre le secrétaire général, Djamel Ould Abbès et une soixantaine de députés a été sanctionnée par la mise en place d'une commission chargée du suivi des fautes qui pourraient «survenir au niveau du Parlement de la part de députés désobéissant aux décisions du président». Ould Abbès, dans une déclaration à la presse, va se montrer prudent, ne voulant pas assumer ce conflit. Il se contentera d'insister sur l'importance de «la cohérence et la cohésion», affirmant que «toute personne ne respectant pas la ligne politique du parti ou tentant de franchir la ligne rouge du président de la République n'a pas de place au sein du parti, quel que soit le poste». Cependant, maintenant que Bouhadja est indésirable parmi plus de 300 députés sur les 462 que compte l'Assemblée, va-t-il continuer à résister longtemps, jusqu'à s'exposer à leur défiance en plénière ? Pas si sûr. Dans les couloirs du quartier général du parti majoritaire à Hydra, la démission du président de l'APN n'est qu'une question de quelques heures. Attendons pour voir…