«On ne se plaint pas, on se révolte!»: plusieurs dizaines de milliers de lycéens, étudiants, salariés, fonctionnaires et retraités, ont manifesté mardi, partout en France, pour la première fois depuis la rentrée, pour réclamer à Emmanuel Macron une politique plus sociale. A Paris, le défilé a réuni 21.500 personnes dans l'après-midi, selon les chiffres du cabinet Occurrence pour un collectif de médias. Selon les syndicats, ils étaient 50.000 (11.500 selon la police) à marcher sous le soleil, entre Montparnasse et Place d'Italie, avec, côte à côte, Philippe Martinez, le numéro un du syndicat, et Pascal Pavageau, son homologue de FO. Parmi les revendications portées par les syndicats, «les questions de salaires», a déclaré le leader CGT, dénonçant le «tour de passe-passe» du gouvernement «avec l'idée qu'en baissant les cotisations sociales, ce serait bon pour le pouvoir d'achat». Son homologue de FO a demandé, lui, à l'exécutif de retrouver le chemin du dialogue, et surtout de maintenir le modèle social. Quatre personnes ont été interpellées, un manifestant et un policier ont été blessés, selon un bilan de la préfecture de police, à 16H15. En régions, les cortèges syndicaux ont rassemblé, selon la police, 5.400 personnes à Nantes, 5.300 à Marseille, 4.300 à Lyon, 3.700 à Toulouse, 3.500 au Havre, 3.300 à Lille, 2.500 à Grenoble, 1.500 à Nice, 800 à Dunkerque, 350 à Boulogne-sur-Mer, … Près d'une centaine de manifestations étaient organisées partout en France. A Lyon, François Manugal, 65 ans, retraité et ancien technicien, est venu marcher pour protester contre la perte de son pouvoir d'achat. A Lille, Stéphane Verbeke, gardien d'immeuble et militant CGT, voulait pousser «un coup de gueule sur tout ce qui est en train d'être remis en cause: la destruction de la sécurité sociale, la casse du service public». Les syndicats espèrent d'autres mobilisations, afin de peser sur les négociations ou réformes sociales en préparation, comme celles des retraites ou de l'assurance chômage. Mais ils se gardent d'évoquer une nouvelle date. «C'est la première manif' de l'année, c'est un échauffement», espère Romain, 20 ans, étudiant en lettres à Nantes, pour qui «les gens expriment un ras-le-bol face aux interventions d'un président qui les méprise». De nouveau, les syndicats montrent leur division, la FSU, traditionnelle alliée de la CGT, n'appelant pas à manifester au niveau national, pas plus que la CFDT, la CFE-CGC ou la CFTC. Des échauffourées avec les forces de l'ordre ont marqué la journée de contestation sociale hier. En marge des jets de pierre et des charges de CRS, un jeune homme a été blessé à la tête, puis appréhendé par la police. La journée de grève et de manifestations, hier, a été émaillée de quelques débordements, principalement à Paris, où plusieurs milliers de personnes s'étaient donné rendez-vous. Les premières échauffourées ont éclaté boulevard Raspail, dans le XIVe arrondissement, vers 15h. Le cortège en tête de manifestation, où s'étaient logées une centaine de personnes encagoulées, a été contraint de reculer à la suite de charges policières. Des jets de pierres ont visé les forces de l'ordre. La police a procédé a plusieurs interpellations.