Il a reçu le Prix Matoub Lounès contre l'oubli La bibliothèque communale de Draâ El-Mizan (Tizi-Ouzou) a abrité, hier main, un événement particulier. Il s'agit de la remise du Prix Matoub Lounès contre l'oubli, dans sa 11e édition, par l'association pour la promotion des activités culturelles et loisirs, Amgud (bourgeon). Les responsables de cette association ont décerné le Prix de cette année à trois éminentes personnalités, pour leur contribution dans différents domaines de la vie du pays. Il s'agit du vieux militant des droits de l'homme, l'ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Ali Yahia Abdenour, de la chanteuse Nouara, et à titre posthume, du chanteur Slimane Azem. «On a choisi Ali Yahia Abdenour, pour son long combat pour les droits de l'homme, de la démocratie et de l'Etat de droit, et les deux chanteurs pour leur immense contribution à la promotion de la chanson algérienne d'expression kabyle et de notre patrimoine», nous a expliqué Hamid Derradj, porte-parole de l'association. Agé de 98 ans, l'infatigable militant des droits de l'homme n'a pu faire le déplacement jusqu'à Draâ El-Mizan. Il est intervenu en direct, à travers une communication téléphonique, pour exprimer son émotion, et remercier l'association pour lui avoir attribué le Prix Matoub Lounes contre l'oubli. Mais comme à l'habitude, Me Ali Yahia a glissé des messages politiques à l'assistance. Du haut de ses 98 ans, il a appelé à mettre fin au statut dégradant de la femme. «Il faut donner sa juste place à la femme. Il faut qu'elle soit l'égale de l'homme», a-t-il plaidé. Critiquant la situation du secteur de la Santé dans le pays, qui incite les responsables à aller se soigner à l'étranger pour la moindre maladie, Ali Yahia Abdenour a indiqué que «c'est le peuple qui doit gouverner l'Algérie». Il a plaidé pour que la force soit au service de la Justice et non le contraire, c'est-à-dire la justice au service de la force. Pour le Prix attribué à titre posthume à Slimane Azem, décédé en 1983, c'est un membre de sa famille qui l'a reçu. Il a retracé le combat du chanteur engagé pour l'identité nationale, accusant le pouvoir de l'époque de lui avoir interdit la rentrée au pays. L'orateur a rappelé, également, l'engagement du chanteur dans la création de l'Académie Berbère en France, dans les années 1960, avec Bessaoud Mohand Arab et d'autres militants de la cause identitaire. La chanteuse Nouara aussi n'a pas pu être parmi l'assistance. Le Prix a été confié à l'un de ses proches. La cérémonie de remise des Prix s'est déroulée en présence de quelques personnalités locales connues, mais aussi d'autres personnalités connues sur la scène médiatique. Le Prix octroyé à Ali Yahia Abdenour a été reçu par Hacène Ferhati, un des fondateurs de l'association SOS Disparus. Il a rappelé le combat de l'association contre l'oubli, précisant que des milliers d'Algériens ont disparu durant la décennie noire. Il a réitéré son appel à faire la lumière sur ce dossier, réclamant vérité et justice pour les victimes. Il a salué l'engagement d'Ali Yahia Abdenour dans la défense de la cause. Nacéra Ductour, porte-parole de l'association, a appelé, pour sa part, à ne pas oublier toutes les victimes tombées pour la démocratie. Elle a appelé à l'écriture de l'histoire de l'Algérie poste-indépendante, pour que les tragédies vécues ne se reproduisent pas. Invité à la même occasion, Ali Brahimi, ancien député et ancien détenu du printemps berbère d'avril 1980, a rendu un hommage à la région de Draa El-Mizan pour son apport à la révolution algérienne de 1954, rappelant le rôle clé de Krim Belkacem dans cette guerre de plus de sept ans.