Ils ont critiqué le climat d'investissement en Algérie Les américains et les français ne sont pas satisfaits du climat d'investissement en Algérie. De hauts responsables de ces deux pays ont critiqué, notamment, le cadre législatif instable. Si les carences du climat des investissements en Algérie sont connues et critiquées, y compris par les opérateurs nationaux, l'on s'interroge sur les sorties presque simultanées entre les deux responsables américain et français. Est-ce une offensive concertée ? Vise-t-on à exercer une pression sur le gouvernement algérien, pour revoir les lois régissant l'investissement étranger ? Le changement des lois «rend plus difficile pour les entreprises la compréhension de l'environnement dans lequel elles envisagent d'investir», a fait savoir l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique à Alger, John Desrocher, lors d'une conférence de presse. «Attirer d'autres investissements américains en Algérie nécessitera plus de transparence, plus de prévisibilité et un meilleur accès aux marchés. Ce que j'entends le plus souvent de la part des entreprises américaines qui envisagent d'investir en Algérie, c'est que des problèmes tels que les restrictions à l'importation, la lourdeur de la bureaucratie et les mesures réglementaires et les difficultés de transfert monétaire réduisent l'attrait de l'Algérie en tant que destination des investissements», a-t-il lancé. Selon lui, les entreprises américaines se plaignent du changement récurrent des lois, affirmant que ces derrières sont plus confortables lorsqu'elles savent qu'elles vont opérer dans un environnement prévisible. Insistant sur le changement des lois, l'ambassadeur a donné l'exemple des mesures relatives à l'importation. «Durant ma première année passée en Algérie, les règles d'importation ont changé. L'année dernière, il y avait un système de licence. Il a été remplacé par des mesures d'interdiction d'importation de certains produits. Et actuellement, on passe de l'interdiction à l'instauration d'un système tarifaire», a-t-il déploré, affirmant que les autorités algériennes reconnaissent l'importance «de créer un environnement prévisible». Abordant la règle 51/49 régissant l'investissement étranger, M. Desrocher a expliqué que cette mesure diminue l'attractivité de l'Algérie. «Certaines compagnies arrivent à gérer cette règle juridique et s'en sortent en Algérie. D'autres n'aiment pas ce cadre juridique et préfèrent ne pas opérer dans ces conditions», a-t-il nuancé. La veille, c'est un haut responsable français qui a critiqué les conditions d'investissement en Algérie. Il s'agit de Jean Louis Levet, haut responsable français en charge de la coopération technologique et industrielle entre la France et l'Algérie, qui a relevé l'absence de promotion de l'Algérie à l'étranger, comparativement aux stratégies agressives de la Tunisie et du Maroc, qui sont omniprésents dans les médias et espaces publics français. Lors d'une rencontre à Paris, avec des journalistes algériens, Jean Louis Levet a évoqué «réglementation mouvante» du commerce et de l'industrie en Algérie. Selon lui, cette réglementation instable est pire que la bureaucratie de l'administration. Il a expliqué que ce manque de stabilité dans la législation empêche les potentiels investisseurs d'avoir assez de visibilité pour établir des plans d'investissements, et les oblige à être en veille permanente, selon les comptes rendus des médias, qui ont couvert la conférence. Selon ses dires, tous les pays de la région ont fait mieux que l'Algérie en matière d'investissements directs étrangers (IDE). La Tunisie a un stock d'IDE de 35 milliards de dollars, le Maroc 50 milliards, l'Egypte 100 milliards et la Turquie 200 milliards de dollars, alors que l'Algérie a un stock d'IDE de seulement 26 milliards de dollars.